Zootopia, l’anti-Vice-Versa dans toute sa splendeur. Le début, pourtant, était plaisant : certes, le ton est tout de suite très clair. L’on n’est pas dans l’allégorie, ou le regret de l’enfance : on est dans la douceur, dans l’humour, et après tout cela marche franchement bien. Le gros problème du film, c’est lorsque celui-ci, en sa seconde moitié, se targue de vouloir injecter à son récit léger une morale ; c’est lorsque celui se croit devoir « se la jouer Pixar » et y intégrer un regard adulte. Problème : quelle est cette morale ? Celle bateau de la tolérance et de la diversité. L’échec est alors complet, précisément à l’opposé du style de Pixar : on est empêtré dans la modernité, loin de la grandeur de l’intemporalité et de l’allégorie. On est dans l’idéologie, et pire, dans l’idéologie commerciale. On s’imagine alors déjà la critique louant cet objet filmique « anti-Trump » (quel courage), et dont la bêtise n’a d’égal que son exécution scénaristique concrète.
Ainsi, oui, que dit le film, comment applique-t-il sa traduction de la stigmatisation des minorités sur son récit ? C’est simple : les prédateurs, que l’on veut accuser d’être responsables de tous les maux de la société, sont tous innocents. Le seul responsable, c’est ce mouton, assistante femme du maire lion, haineuse des hommes aux pouvoirs et des prédateurs (constat assez terrible pour la femme et sa place dans la société, qui en tant qu’assistante du gentil maire lion innocent, n’est qu’une féministe frustrée qui veut accuser la minorité trop virile pour elle). Conclusion de ce petit manège didactique (tous les prédateurs sont gentils, les seuls prétendant le contraire sont les victimes frustrées) : la fête, avec une musique à vomir de Shakira. C’est bien simple : on aurait voulu caricaturer le film d’idéologie libérale qu’on n’aurait pas fait mieux. Zootopia est donc un film bête, qui comme toutes les œuvres idéologiques, le font à défaut d’art et d’allégorie, confondant avec la fierté de celui qui pense livrer un message courageux l’art et le commerce. 1/5 (ou, plus exactement 2/5 pour la première partie, 0/5 pour la seconde).
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