Wild, que j’ai regardé après Demolition, intéressé de voir ce que son réalisateur, Jean-Marc Vallée, avait fait d’autre. Et à de nombreux égards, les films sont très similaires. Tous deux sont portés par un fort sentiment de réalité (et si Wild est en effet autobiographique, je ne sais pas exactement ce qu’il en est de Demolition) ; tous deux, surtout, parlent du trajet d’un héros bouleversé suite à une perte, et qui entame une quête pour « se retrouver lui-même ». Problème : où Demolition était constamment singulier et où on ne l’attendait pas, Wild cumule les poncifs et les questionnements faussement profonds, très souvent franchement cons. Pourtant, le début nous avait plu, avec l’image de cette petite Reese Witherspoon, obligée de s’asseoir pour porter sur elle cet énorme sac ; sa maigre présence, assommée par ce monstrueux bagage, tentant bon gré mal gré d’avancer dans le désert nous avait séduit. Mais quel récital ensuite de sensibleries. Le pire étant que le film se prétend féministe, mais finit toujours par se mordre la queue, puisque sous ses airs de « je veux prouver qu’une femme peut marcher 800 kilomètres », Wild tombe parfaitement dans le cliché de la sensiblerie féminine (avec la relation à la mère et ce faux conflit métaphysique, où l’héroïne, aliénée par le développement personnel, ne parvient jamais à se demander « qu’est-ce que le monde ? », mais, de façon sempiternelle, « qui suis-je ? »). En somme, un film féministe, ce serait un film où le conflit intérieur, propre à l’âme du protagoniste, serait outre sa féminité ; or, tout, perpétuellement, renvoie le personnage de Reese Witherspoon aux clichés des conflits des personnages féminins. Rajoutons à cela le fameux « je me drogue », ritournelle de l’outil narratif pour apporter de la profondeur à un personnage lorsqu’on ne sait pas comment faire autrement, et on a le parfait petit tableau du récit de la victime artificielle. 0,5/5.

Comments are closed

Articles récents

Commentaires récents

Aucun commentaire à afficher.