The Watcher, dont l’on a beaucoup aimé les trois premiers épisodes, avec cette ambiance particulière, ne tombant jamais, comme on aurait pu s’y attendre, dans le sordide, le gothique ou le surréalisme type Shining,ou même un onirisme à la Blue Velvet. De ce fait, la série, sans ressembler à quoi que ce soit d’autre, a un vrai parti pris, de par la photographie, de par la musique, sur le genre de la maison hantée. Même si Naomi Watts et Bobby Cannavale n’ont aucune alchimie et ne sont jamais crédibles en tant que couple, ils sont individuellement plutôt bons, et l’on est parfaitement avec eux, dans cette découverte d’une maison centrale au mystère d’un quartier, remplie de tunnels qui lient les autres résidences entre elles. C’est à la fois paradoxalement crédible et extrêmement fécond en termes allégoriques, Watts et Cannavale atterrissant là malgré eux comme au centre d’un véritable culte – et il y a toujours quelque chose beau dans ces récits, qui ne fonctionnent pas par enfoncée ou par crescendo, mais par plongée brutale et presque inconsciente au cœur même du problème. Le problème, c’est qu’à partir de l’épisode 4, l’on quitte totalement cette étrangeté des tunnels et des cultes, pour partir sur une succession d’hypothèses, comme si on assistait non plus à une série d’horreur, mais à une partie de cluedo, un murder mystery. Chaque épisode, on part sur une autre possibilité, sur un autre tueur, sur une autre justification. Plus rien ne paraît dire quoi que ce soit. On tombe, tristement, dans le jeu, parce que Ryan Murphy, de toute évidence, refuse de s’enfoncer dans une possibilité. On comprendra pourquoi, à la fin, puisqu’il est écrit lors du dernier générique que The Watcher est adapté d’une histoire vraie, mais que l’on n’a jamais su, réellement, qui était cet homme. Par conséquent, si Murphy a clairement une préférence pour l’intrigue du culte et du tunnel (puisque c’est celle qu’il met en avant), il ne peut, pour respecter la véracité et le mystère de l’intrigue, s’y enfoncer. Et il se contente, dans les autres épisodes, de tourner tout autour, en proposant d’autres solutions. Non seulement cela devient bête et sans intérêt, mais cela en plus gâche les personnages, qui ne semblent plus être que des marionnettes sans réalité : ils vont et viennent dans leurs opinions, se contredisent, demeurent dans cette maison alors que rien ne justifie qu’ils y restent. On n’y croit pas. Les retournements s’enchaînent et jamais ne se prolongent les uns les autres, ils se superposent et s’annulent. La fin, malheureusement, est d’une nullité suprême, et l’on ne peut que regretter que Ryan Murphy n’ait pas préféré se saisir de cette idée pour se l’approprier totalement, au lieu de demeurer dans le respect de l’incertitude réelle. Cela aurait pu faire une excellente saison de American Horror Story. Dommage, parce que lors des premiers épisodes, l’on était vraiment convaincu par ce The Watcher. 1,5/5.

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