The Talented Mr. Ripley, que j’ai vu immédiatement après Ripley, tant je tenais, après la découverte d’un tel chef d’œuvre, à analyser les origines de l’existence de la série. Et il est en effet passionnant de comparer les deux. C’est presque un exemple parfait de comment reprendre et approfondir des enjeux narratifs : alors que la série prend quatre fois plus de temps pour se développer, elle a l’intelligence de pourtant supprimer des intrigues et des personnages du film (comme Cate Blanchett, que Damon croise en descendant du bateau, l’italienne que Jude Law met en cloque, ou encore l’ami homosexuel de Blanchett). Surtout, la série a même l’audace de moins traiter Dickie et Marge : elle se resserre entièrement sur Ripley, sur son silence, son intériorité, sa méticulosité. En cela, c’est un coup de maître d’avoir remplacé le jazz par la peinture ; on s’engouffre dans l’idée de construire une image, de vivre par le visuel. C’est à la fois plus proche en termes allégoriques du sujet du récit, mais cela permet en plus à la série de justifier son style : elle sera, dans sa forme, un tableau permanent, parce que son sujet, c’est celui d’un homme dont la personnalité est une peinture. En comparaison, tout dans le film paraît enfantin, improvisé, pauvrement musical : Damon est un gamin amoureux, qui ne maîtrise rien, qui ne calcule rien, qui tue presque malgré lui. Alors que la série est sur un homme tranchant, sûr de lui, enfoncé dans sa profondeur, et la série s’allonge en le pénétrant lui et uniquement lui : en filmant la maîtrise, les corps qu’il dissimule, les ruses qu’il opère, à défaut de Damon qui est constamment dépassé. Au final, les deux œuvres sont à l’image de leur personnalité. L’un est hasard. L’autre est une pure démonstration de talent. On peut comprendre, certes, l’idée de voir en Ripley l’allégorie de l’initiation, du jeune homme cherchant sa propre identité, en somme de s’en servir pour créer un récit d’apprentissage. Mais quand l’on a connu la hauteur, le sérieux et l’intensité de la série… cela paraît, franchement, être une blague. 1,75/5.
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