The Swimmer, avec Burt Lancaster, l’œuvre d’un réalisateur que je ne connaissais pas, adapté d’un livre que je ne connaissais pas, et qui m’a un peu ennuyé malgré ses ambitions allégoriques et oniriques. Ici, l’on emprunte le point de vue d’un homme mystérieux, assez vague, de toute évidence un père de famille banal, en proie à la crise de la quarantaine, et qui va décider, après être passé voir un ami dans son jardin, de revenir chez lui en descendant la ligne de piscines qu’il voit devant lui (principe qui m’a rappelé cette cascade, formée par toute les piscines de la ville, que décrivait Magnus dans L’Empire). Le problème, c’est qu’à partir de là, tout devient l’excuse à une succession de tableaux différents, de maisons différentes, de propriétaires différents, qui ne permettent pas au film d’effectuer un crescendo ou une descente, mais qui emprunte davantage au principe de la répétition : le film, alors, paraît ne sait pas quoi dire. Il est incapable de creuser un sujet, de s’enfoncer dans quoi que ce soit, il tourne en rond, avec la pose de celui qui dit quelque chose de profond, qui se veut dans l’esthétisme et l’abstraction. Le film, pourtant, a de vrais beaux moments, et sans doute, à peu de choses près, à quelques ajouts délicats, ce qui apparaît vide et redondant aurait pu devenir grand et impérieux. Mais en l’état cela demeure figé et la plupart du temps empaillé. L’on aimera quand même les dernières minutes du film, quand le héros finit par arriver dans une piscine publique, où il se sent extrêmement à l’étroit, et où son pied, blessé, voit son sang se mêler à la foule. C’est alors une certaine idée du renoncement, de l’écrasement, de la perte, et plus généralement de la mort, qui ici se met joliment en scène. Car autant chaque « tableau » précédemment demeurait stagnant, avec ce trajet qui avait toujours été effectué le long d’un courant pur, limpide, où le héros nageait à l’aise dans les piscines, autant le voir ici brutalement oppressé, étouffé, donne pour la première force une force tangible, incarnée au film, qui manquait jusque là. Les toutes dernières images, quand le héros rentre chez lui, et que l’on découvre sa maison abandonnée, tandis que la tempête gronde, conclut le film en reprenant parfaitement ses qualités et ses défauts : une ambition littéraire, sans véritablement de cœur. Un film de styliste, en somme. 1,5/5.
Comments are closed