The Promised Land (aka King’s Land, aka Bastarden), long film danois sur un homme, au 18ème siècle, qui a pour ambition de cultiver une terre a priori stérile pour y faire pousser des pommes de terre. Et si, comme ça, le pitch n’apparaît pas très appétissant, le film pourtant n’ennuie jamais, parce qu’il est rythmé, clair, narrativement porteur, et que Mads Mikkelsen y est comme d’habitude excellent. Mais, justement : est-ce parce que le réalisateur s’est senti, au vu de la difficulté de son sujet, devoir rendre le change en compensant avec des personnages parfois un peu grotesquement unilatéraux, mais c’est souvent là que le bât blesse. Que ce soit chez la paysanne dont tombe amoureux le héros (forcément gentille, fidèle, courageuse, parce que c’est une paysanne), ou chez le méchant (forcément jaloux, impuissant, sans la moindre qualité ou justification, parce que c’est un bourgeois), force est de reconnaître que le film, derrière son âpreté et ses allures naturalistes, ne se gêne pas pour enfiler les raccourcis assez grossiers, et à de nombreux égards, il paraît un peu hypocrite, très commercial et simple malgré sa prétention de film d’auteur. Mais bref, peu importe : le metteur en scène parvient quand même à nous intéresser, d’autant qu’il ose quelque chose d’assez fort dans son histoire. Celle d’incarner l’incohérence narrative que l’histoire, la vraie, peut avoir. A savoir que le héros, d’abord, s’imaginait comme l’élu d’une noble, s’accrochant à cette histoire d’amour pour avancer (l’on sera d’ailleurs ravi de retrouver notre chère Kristine Kujath Thorp de Sick of Myself, mais avouons-le, c’était de toute façon pour cela que nous avons regardé le film). Puis ensuite, il bascule sur la paysanne, avec qui il se projette en père de famille, auprès de cette petite tzigane qu’il adopte. Mais là encore ce n’est qu’un tableau éphémère, une illusion narrative, puisque la paysanne finit en prison puis esclave. Et enfin, pour couronner le tout, il ne peut pas même finir comme un brave père célibataire, car sa propre fille le quitte pour retrouver sa vraie famille, les tziganes. Comme si le film admettait que tout ce qui nous entoure, tout ce qui se déroule, n’est jamais qu’une succession chaotique sur laquelle on tisse nos illusions pour uniquement une raison : arriver à notre fin et réussir notre quête, peu importe qu’elle soit parfois absurde. Et rien que cela fait de ce Bastarden un film tout de même réussi. 2,25/5
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