The Judge, qui ne casse pas trois pattes à un canard mais bénéficie d’un charme indubitable ; celui de la nostalgie des films de 2 heures 30, avec de grands acteurs, très écrit, et qui ne coûte pas plus de 100 millions de dollars. C’est l’exemple typique du film qui n’existe presque plus, et qui s’il était sorti dans les années 90, l’on aurait peut-être méprisé, mais qui aujourd’hui dénote tellement que l’on a de l’affection pour lui. En cela, il est d’ailleurs d’autant plus symptomatique que son acteur principal soit Robert Downey Jr, figure typique de l’acteur aspiré dans la machine à super-héros, et que, s’il nous fatigue au départ en avocat cynique mais charmant, propre à son personnage dans Iron Man, l’on est finalement ravi de revoir dans ce type de cinéma – et tandis qu’il s’impose progressivement au gré de ce large matériel, quasiment uniquement centré sur lui, on se rappelle de comme il est un excellent acteur. Au-delà de cela, le film souffre de plusieurs écueils, le plus important étant celui de son manque d’intelligence et de profondeur émotionnelle – l’on est d’ailleurs touché de voir le film avoir lui-même conscience de cette limite, ne cessant de creuser ses personnages en ambiguïtés pour y remédier, finissant même par nous tracer le portrait de deux protagonistes à la moralité franchement très contestable, ce qui dans cette histoire sur une petite bourgade où l’on s’attend à ne rencontrer que des « Mr. Deeds », bons et simples, demeure très singulier. Mais cela ne contribue pas à gorger d’intelligence un film qui, et c’est là un constat assez accablant, doit ces deux moments les plus forts au morceau « Holocene » de Bon Iver (sans ce dernier, on doute fort que ces séquences se soient suffi à elles-mêmes). Mais on garde en tête la noirceur originale des personnages, la trajectoire pas si prévisible du récit, et cette texture si délicieusement désuète. 2/5.
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