Star Wars épisode 7, au pitch de départ assez faible, très sériel, ne tentant pas de justifier le retour de l’Empire, mais fort bien réalisé, à la fois agréablement réel (les corps vieillissants de Ford, Fisher et Hamill, les poils de Chewbacca) et toujours élégamment allégorique dans ses plans plus virtuels (le travelling dans le dos de Kylo Ren, lorsque celui-ci contemple les destructions rougeoyantes des quatre planètes ; Kylo Ren, encore, au milieu du pont face à son père…). J’ai aussi beaucoup aimé cette approche très fine d’embarquer le spectateur avec lui, que ce soit via l’idée d’humaniser un Stormtrooper, de faire jaillir de la multitude si abstraite et si connue du public, quelque chose de nouveau comme la propre conscience du fan. De la même façon, que Kylo Ren ne soit qu’un méchant en apprentissage, dans l’ombre de Dark Vador, permet une plus belle identification – car c’est bien ce que le film tente de mettre en place : une identification avec le mal, qui trouve difficile de rester mal (voir la scène de Ren face au casque de Vador, alors qu’il se lamente – lorsqu’il est si souvent convenu de traiter le mal comme l’échec du bien – de la difficulté qu’il y a à demeurer mauvais). Aussi, oui, que le film se termine alors que c’est précisément Ren qui échoue face à la nouvelle Jedi renverse la structure habituelle propre à Joseph Campbell qui avait tant inspiré Lucas ; ce n’est pas le bien qui, face au mal, va devoir éprouver la défaite et revenir plus fort : c’est le mal lui-même. On aimera, aussi, évidemment, la jolie mort de Han Solo, ce déchirant coup de sabre laser dans ce que l’on aurait trop rapidement pu qualifier d’hommage. Pas renversant, mais impeccablement produit à tous les niveaux. 2,25/5.

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