Snowden, long récit politique très malin, au-delà de toutes affres idéologiques (on aimera notamment la séquence de rencontre entre Snowden et Mills, entre le conservateur et la progressiste), qui nous rappelle autant les réussites d’Oliver Stone dans les années 80 que le Social Network de Fincher, dont Stone semble avoir beaucoup apprécié la mise en scène et la bande sonore de Trent Reznor. On doutera quand même un peu de ce parti-pris de structurer le récit autour de ce passage de Snowden à l’hôtel, lorsqu’il raconte pour la première fois son histoire à des journalistes, qui immanquablement rappelle le documentaire Citizenfour, et contribue à ancrer Snowden dans un récit si réaliste qu’il est difficile d’y trouver une transcendance artistique. La fin, notamment, où Joseph Gordon Levitt laisse la place au vrai Snowden, est d’autant plus étrange que l’homme ne se contente pas ici d’être « lui-même », de parler face caméra, mais prend véritablement le relais de Gordon Levitt en tant qu’acteur, révélant moins la réalité derrière le faux que s’engouffrant la tête la première dans ce dernier, puisqu’il récite, via des mimiques et une ponctuation accentuées, à travers des plans coupés, travaillés, méticuleusement éclairés, un monologue solennel sur son sacrifice. Ainsi, c’est donc lorsque Snowden survient réellement que le film, paradoxalement, ressemble plus que jamais à de la fiction. Étrange trouble voulu, clairement, par Stone, dont on n’est pas tout à fait sûr de comprendre la signification, si ce n’est que l’on trouvera touchant cet adieu à l’Homme recherché dans la réalité, et ici comme caché dans la fiction, d’autant plus à l’abri dans cette accentuation de la mise en scène. 2,75/5.
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