Sleeping With Other People, qui m’a constamment étonné dans ses réussites et ses ratés ; le début, notamment, accable quelque peu car il se veut comique – or c’est précisément tout ce qui vise le comique, dans Sleeping With Other People, qui échoue, bourré de ces séquences malines, d’humour coup-de-coude, entre deux acteurs persuadés d’être adorables, alors que leur dialogue et leur personnalité sont interchangeables. Mais lorsque le film se veut sérieux, lorsqu’il se veut vraiment sérieux, alors il saisit complètement, au point que l’on regrette que le film n’ait pas simplement tenté d’être un drame. Toutes les séquences, par exemple, avec Adam Scott – surprenant dans ce rôle dénué de comique, étrange figure à la fois ridicule et paralysante, avec sa petite moustache et ses lunettes – sont superbes. On pense à cette scène parodiant le genre de la comédie romantique, où Alison Brie le surprend par hasard faisant son jogging et tente de le rattraper, persuadée précisément que « c’est le destin », avant de devoir s’arrêter à bout de souffle ; on pense aussi à la scène où, à nouveau, elle le retrouve par hasard, lors de ce dîner où elle se rend avec son nouveau copain, alors que Brie ne peut pas faire autre chose que de se rendre aux toilettes pour vomir ; de la même façon, lorsque, proche de la fin, Jason Sudeikis retrouve Adam Scott, toujours par hasard (et c’est beau, cette structure du hasard autour de l’anti-prince charmant, de cette étrange présence réelle, qui au sein de la comédie se tient debout et placide), et ne peut s’empêcher, de manière très instinctive, et qui prend aux tripes, de le frapper, le film brille. Même l’histoire d’amour entre Sudeikis et Brie, une fois passés l’heure de film et les dialogues faussement marrants (ainsi que cette structure de base sur l’addiction sexuelle assez risible), nous séduit, tant, à travers le genre même de la comédie qui progressivement se dissout, leur amour précisément se fait plus fort et plus réel, comme survivant à la comédie même, frappant de par sa capacité à persister, à rester – et Sudeikis, d’ailleurs, a cette très belle réplique, simple mais belle, lorsqu’il confie à Brie : je pense toujours à toi – et à vrai dire, ce n’est même pas que je pense à toi ou que je fais quoi que ce soit, c’est que tu es là. De la même façon, la scène de danse à l’ecstasy, qui au départ aurait vraiment pu flirter avec la scène basique du second acte de chaque comédie, de danse, de gesticulation, censément délirante, nous emporte, parce qu’elle révèle rapidement, avec « Modern Love » de David Bowie en fond, être gorgée d’une pure forme de désespérance, d’une intuition sensible tout à fait honnête. Enfin, le film, malgré tout ce que l’on pouvait craindre (l’ironie, la répartie fière des personnages, leur prétendue « folie » et leur problème sexuel) nous saisit parce qu’il dévoile une réalité profonde, touchante, et qui quelque temps reste en nous. Film très surprenant. 2,5/5.

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