Saving Mr. Banks, dont j’avais cru comprendre que c’était un film sur l’Empire Disney, d’ailleurs financé par celui-ci et en son honneur, quand pourtant le vrai sujet du film reste la créatrice de Mary Poppins, et plus exactement cet amour qu’elle portait à son père disparu, au cœur de toute son œuvre (à savoir, comme le révèle progressivement le scénario, que Mary Poppins n’est pas là pour sauver les enfants, mais Mr. Banks). Bien sûr, ne soyons pas naïf, le conflit du film reste très fort en termes d’idéologie, puisque c’est l’histoire d’une conservatrice qui refuse Walt Disney, pour finir par s’abandonner à ce dernier et lâcher prise sur ses regrets et ses convictions personnelles. En cela, clairement, c’est un film sur et pour l’Empire Américain, mais le film a beau être atrocement académique et bébête, il n’empêche qu’il fonctionne. On aimera, notamment, cette image récurrente de Mickey, avec laquelle Emma Thompson finit par danser, et qui résume à peu près tout le film, puisque c’est là autant un aveu clair de l’idéologie du film qu’en fond une vraie jolie allégorie traitée avec honnêteté (la puissance de la création, comme si Emma Thompson non seulement finissait par accepter la proposition de Walt Disney en dansant avec son alter ego, mais comme si elle-même ne pouvait faire que ça : vivre avec les avatars fictionnels). On appréciera aussi Paul Giamatti, toujours sans pareil pour faire naître la sympathie à travers un rôle secondaire, le trio Jason Schwartzman/B.J. Novak/Bradley Whitford, eux aussi vraiment très bons compte tenu de leur temps d’apparition, et même au final ces flashbacks, dont la récurrence lors de la première partie assomme (c’est inutile, bassement psychologique, cheap) avant de finir par émouvoir, de par cet étrange contraste que les décors australiens constituent avec ce Los Angeles mercantile qu’Emma Thompson découvre et dans lequel progressivement elle se perd ; on sera ému, aussi, par ce Walt Disney qui, sans que cela ne soit jamais dit, mis à part peut-être dans cette séquence où Thompson l’observe sur le manège de Disneyland, devient clairement à ses yeux une version épanouie de Colin Farrell, l’homme que ce père alcoolique et rêveur aurait voulu devenir. 2/5.
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