Priscilla, étrange biopic de Sofia Coppola, qui nous a paru loin de l’image que l’on en avait véhiculée – à savoir que le personnage d’Elvis est bien plus étrange, bien plus curieux, que le simple alpha viril et dominant que je croyais découvrir. Certes, il séduit Priscilla quand elle est encore adolescente, certes il l’étouffe, certes il la façonne à son image et, certes, il est question d’emprise. Mais le personnage paraît aussi lui-même contraint par sa propre sexualité, et il est souvent surprenant de voir à quel point c’est lui, et non elle, qui repousse ses avances et refuse l’intimité. À de nombreux égards, ce n’est pas Elvis, en termes physiques, qui profite de Priscilla, et de la même façon, on ne le retrouve jamais vraiment proche d’aucune autre femme de son entourage, malgré les rumeurs abstraites que le film relaie sur son infidélité. En revanche, ce que l’on voit continuellement, c’est Elvis entouré de son groupe, de ses musiciens, de ses potes… et au bout du compte, l’on a moins l’impression qu’Elvis a utilisé Priscilla par sadisme que pour dissimuler une homosexualité latente, à l’origine de toute sa colère refoulée. C’est presque en quelque sorte ce qui rend le film intéressant et lui offre une dialectique, une ambiguïté – car chacun, d’une certaine manière, est prisonnier de l’autre. Priscilla d’Elvis… et Elvis de Priscilla, en tant que mensonge, en tant qu’alibi et artifice. Et c’est dommage qu’on l’ait aussi peu souligné, parce qu’il n’y a à part cela pas grand chose à tirer du film, assez pauvre autant dans le fond que dans la forme. 1,5/5.

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