Mountainhead, la première proposition de Jesse Armstrong, le créateur de Succession, depuis la fin de la série en cinq saisons. Et il y a franchement de quoi être déçu. Parce que, d’abord, Armstrong ne tente absolument rien de nouveau, ne prend aucun risque après le couronnement qu’il a connu ces dernières années : on retrouve, donc, les mêmes hyper riches, la même haine derrière les rapports hypocrites faussement amicaux, on retrouve, même, une bâtisse semblable à celle du personnage d’Alexander Skarskard dans Succession et plus généralement une esthétique quasi-identique à la série. Bref, c’est Succession. Mais c’est moins bien que Succession. Parce que compressé en ce format de 1 heure 30, le film ne peut prendre le temps de conférer une tangibilité, une réalité à ces personnages. Dans la série, leur cruauté, leur grossièreté, en faisaient des individus bigger than life, mais derrière cette force prodigieuse de dégueulasserie et de comédie, Armstrong travaillait la moelle de l’âme exactement comme seules les séries permettent de le faire, et aidé par un casting génial, il réalisait quelque chose de précieux : trouver l’émotion et le réel, même dans la caricature hystérique. Il n’y a ici rien de tout ça. Chaque personnage, enfermé dans la structure du film, ne demeure qu’une blague, un symbole, un sujet à dérision, et il ne reste qu’une comédie, parfois maline, parfois forte (l’on pense au passage où l’un des milliardaires s’improvise président de l’Argentine). Mais Mountainhead n’est que la comédie de Succession, et rien d’autre. Il est sa blague initiale, que la série, parce qu’elle était grande, pénétrait en la rendant réelle. Nous n’avons plus que la farce. Une farce divertissante. Mais une farce. 1,5/5.
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