Mission Impossible 8, assez semblable dans ses écueils à ceux du dernier volet, dont il faut ainsi supposer qu’ils étaient volontaires. À savoir que le film, contrairement à la simplicité plus rafraîchissante des volets 5 ou 6, se veut plus long, plus verbeux, plus sérieux, et surtout prend un temps fou à démarrer. À ce stade, l’on est alors triste de voir que Cruise, par souci de trop bien faire, a perdu de vue ce qui faisait la force de la saga Mission Impossible (à savoir un déploiement décomplexé de ses exploits physiques, son corps devenu un objet cinématographique pour des travellings sans fin, sans effets numériques, pure démonstration de son énergie vitale). Et comme avec le 7, on est un peu gêné de voir que Cruise paraît penser qu’Ethan Hunt est un personnage réellement tangible et intéressant, et que Mission Impossible ait quoi que ce soit à dire de politique ou plus généralement même d’intellectuel. Surtout, tout le premier acte est dénué de cette grande scène d’action qui généralement lance tout Mission Impossible (elle est, ici, plus narrative que réellement spectaculaire, avec la mort de Ving Rhames que Cruise ne peut sauver). Mais, ensuite, tout de même, comme un diesel, le film démarre : et alors, quoi qu’on en dise, c’est du cinéma. Construit, uniquement, dans l’optique de créer des séquences. Pas un flot narratif. Pas des informations développées à travers le montage. Non. Des séquences. Ici, il n’y en a donc réellement que deux. La descente de Tom Cruise dans les abysses de l’océan, pour pénétrer un ancien sous-marin qui menace de glisser d’un précipice : tout se fait dans le silence et demeure hypnotique, purement spectaculaire et allégorique. Ensuite, pour finir, la poursuite en avion avec ce pathétique méchant, boulet issu du précédent volet que le film paraît sacrifier avec drôlerie. Ici, tout le propos, toute la grandiloquence, est dépassé par la force du cinéma, et l’on sera d’autant plus fasciné par l’idée que Cruise, plus il accomplit ses cascades lui-même, plus il paraît paradoxalement cartoonesque, son visage, de par le vent sur l’avion, se déformant au point d’en être caricatural, comique. Au bout du compte, le film parvient à se terminer bien : bien, parce que, enfin, il ne perd pas son temps. Il va droit à l’essentiel, avec ce trouble typique de The Dark Knight Rises, à savoir que l’on peut supposer que la survie du personnage est un rêve, une illusion, et qu’il est en fait mort en tombant de l’avion (puisqu’il était supposé ne pas avoir de parachute, et que sans explication aucune, il atterrit sur la terre ferme avec un parachute). L’idée alors est la même que Nolan : traiter de la survie du mythe du héros, au-delà de son incarnation physique. Et parce que c’est rapide et simple, ponctué par un émouvant adieu de Cruise à ses amis, cela marche. Finalement, si c’est une conclusion pour la saga, elle est bonne, et la lourdeur du septième volet, qui continuait encore d’infuser dans la première heure du huit, disparaît pour permettre à Mission Impossible de retomber sur ses pattes. Comme toujours. 2,5/5.
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