Miller’s Girl, énième film de type new romance se voulant osé, profond, alors qu’il semble avoir été écrit par un enfant de huit ans. En cela, on a pensé à 50 Shades of Grey, Fair Play ou The Voyeurs, en devinant, dès le départ, que cela avait été écrit par une femme (parce que c’est un fait qu’il faudrait quand même davantage explorer : tous ces récits qui simulent de manière factice l’âge adulte, sans pour autant avoir pénétré sa conscience, non pas comme l’expression d’une vérité mais comme une reproduction type mash-up propre à la fantaisie, est souvent l’œuvre de femmes… est-ce dû au bovarisme et aux oisives en mal d’évasion de De Beauvoir ?). Bref, le pitch aurait pourtant pu être intéressant (l’attraction entre un prof et son élève, d’autant que la présence de Martin Freeman, surprenant dans ce rôle, pouvait apporter une vraie nuance). Mais dès le début, tout est faux et con, comme si cela avait été généré par l’intelligence artificielle : le personnage de la femme de Freeman, grande écrivaine (toujours gênant le portrait des grands écrivains, quand ce sont de médiocres écrivains qui les font, cela nous rappelle Joel Dicker, tiens d’ailleurs, voilà un homme bovariste en mal d’évasion), celui du meilleur ami prof de sport afro-américain, la meilleure pote exubérante de Jenna Ortega : tout est simulé, la reproduction d’une reproduction d’une reproduction. Ici on ne parle plus du réel : c’est une copie d’une copie d’une copie, faite par des écrivains angoissés par leur propre médiocrité qu’ils n’osent affronter et qu’ils détournent en copiant leurs modèles (c’est en regardant Miller’s Girl qu’on se dit que Platon avait peut-être raison). Et d’ailleurs, que le film parle justement d’une élève qui va apprendre à surmonter son professeur pour trouver sa voix (puisqu’il s’agit ici de littérature, le sujet préféré des gens qui ne savent pas en faire, comme quoi, oui, souvent on parle de ce qu’on n’a pas), rend le tout encore plus gênant. Avec, à la fin, le pseudo twist narratif, avec l’héroïne qui obtient ce qu’elle veut en piégeant son prof, dans une affirmation badass féministe gênante, liant plus que jamais, comme les deux versants d’une même pièce, l’idéologie à la narration pornographique. En un mot : horrible. 0,25/5.

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