Mandibules, le meilleur film de Quentin Dupieux depuis Réalité, où l’on retrouve tout ce que j’aimais petit, à savoir un regard si innocent sur le monde que, même dans sa médiocrité, il apparaît grand et magique. Et ce qui est assez beau, c’est que cela s’exprime de manière claire et simple, à travers le principe de la mouche, banalité qui devient gigantesque, mais aussi dans la narration de ce duo de losers, plus ou moins à la rue, qui se retrouvent à vagabonder dans des aventures à leurs yeux monumentales. C’est, en somme, un film adolescent, dans son sujet, dans son regard, dans sa matière même, et jamais il ne trahit son postulat, jusqu’au bout, à savoir ce twist miraculeux (la mouche a bien été dressée…). De plus, autant l’on craignait le pire quant à Adèle Exarchopoulos (avec ce cliché de la grande actrice qui accepte le second degré et en fait des caisses, dans un humour non pas du tragique mais de la célébration pornographique coup-de-coude), autant sa performance s’avère excellente, parce que centrée sur un personnage tangible, pas simplement un réceptacle pour la prestation de Exarchopoulos, mais un individu réellement blessée et victime de la manipulation des héros. Et puis décidément Grégoire Ludig et David Marsais : ils ont quelque chose. Presque des airs de Don Quichotte et de Sancho Panza. 2,5/5.
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