Killers of the Flower Moon, un long et un peu ennuyeux Martin Scorsese, parfois assez décevant en termes de mise en scène, plat, las, alourdi par des acteurs trop absents, enlisés dans une performance pas assez honnête (il est dur de croire à Di Caprio comme à De Niro, et leur duo est particulièrement peu efficace). Néanmoins, le centre, le cœur du film, à savoir cette relation entre le héros et la femme indienne qu’il est chargé de séduire, qu’il drogue pour la manipuler, tandis qu’il tue sa famille, est dans l’absolu beau et passionnant. En cela, le choix de Di Caprio n’est pas innocent : car l’on sait son rapport aux femmes et plus généralement son incapacité à l’attachement et son besoin de remplacer ses conquêtes lorsqu’elles ont dépasse l’âge désiré. Il y avait donc quelque chose de captivant dans le fait de lui confier le rôle d’un type, précisément, recruté par son oncle parce qu’il est mignon et qu’il aime les femmes, pour ensuite en séduire une et la droguer, jusqu’à ce qu’il n’ait plus besoin d’elle. Mais le problème, c’est qu’on a l’impression que Di Caprio tente de s’éloigner entièrement de qui il est vraiment, de nier, de camoufler, les similitudes qu’il partage avec le personnage : dans son physique, dans son attitude, dans la voix qu’il prend. Jamais Di Caprio n’avait tenté autant de se distancer de lui-même, de tendre à une transformation physique. Or cela éloigne Killers of the Flower Moon d’une forme d’honnêteté et le plonge dans la performance. Le film, pourtant, parfois est beau, et de par l’horreur hypnotique, allégorique, de son histoire, plaît. Mais avec des acteurs plus nus, avec un metteur en scène plus vigoureux, avec en somme des gens davantage prêts à parler d’eux-mêmes et à y aller avec les tripes, le film aurait eu la vigueur et le cœur que l’histoire vraie, dont il est tiré, méritait. On aurait presque aimé, tout simplement, que Scorsese, Di Caprio et De Niro se cachent moins derrière des apparences pour se contenter de libérer cette énergie amorale, quasi parfois machiavélique, qui a souvent fait leur succès. En somme, on aurait préféré qu’ils ôtent leurs masques et qu’ils y aillent avec la même masculinité décomplexée, le même sadisme qui vit à l’intérieur d’eux, à la Le Loup de Wall Street. Mais peut-être, trop sages, trop inhibés, n’ont-ils pas osé. 2,25/5.

Comments are closed

Articles récents

Commentaires récents

Aucun commentaire à afficher.