Inside, huis-clos intéressant sur un voleur (Willem Dafoe, plus hype que jamais à 60 ans, célébré par la nouvelle génération grâce à ses rôles chez Eggers et Lanthimos), qui se retrouve prisonnier dans le luxueux penthouse qu’il était venu cambrioler. Le récit alors n’est pas révolutionnaire, avec l’idée classique de la richesse qui devient une prison, la traditionnelle cage dorée. Mais le film, porté par l’élément central de l’histoire, à savoir le penthouse, summum de l’architecture minimaliste arty, n’ennuie jamais car il incarne toujours physiquement, à l’écran, ce dont il parle. Quasiment pas de dialogues, aucun concept contreplaqué : c’est un huis-clos et, pourtant, ce n’est pas une excuse à une pièce de théâtre. C’est du cinéma, avec la destruction progressive de cet appartement, devenant un champ de guerre, voire une jungle, en parallèle à l’autre destruction du film, bien sûr : celle du héros qui, lui-même (et c’est là que le film est plus profond qu’il n’en a l’air) est confronté à ses propres écueils matérialistes de cambrioleur, à ses propres pulsions et ses désirs, que dans l’enfermement il finit par confronter pour se retrouver face au dénudement total. Face à ses images intérieures, qu’il finit par peindre, sur les murs de sa prison. Le film, à ce niveau, nous a beaucoup rappelé les œuvres feutrées, sur les solitaires, que l’on voyait beaucoup dans les années 1980 et 90, en cette époque où l’on était encore peu habitué aux non-lieux et où l’on captait la solitude anormale des silhouettes au milieu des structures inhumaines (on pense aux films de Wim Wenders, Alexander Payne voire même Owning Mahowny avec Philip Seymour Hoffman). Bref, sans révolutionner quoi que ce soit, le film nous a parlé, parce qu’il nous a évoqué les thèmes, l’esthétique, qui étaient autrefois les nôtres quand l’on était adolescent. Et puis l’image de cette montée est belle, au milieu de la pièce, jusqu’au plafonnier à démonter, atteint via une succession d’objets posés les uns sur les autres, comme l’ascension que l’on construit soi-même… Au bout du compte, le film ne réussit rien de grand mais ne fait aucune erreur. 2,25/5.

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