Hunger, que j’ai trouvé atrocement conceptuel, réflexion sur la façon de politiser et filmer le corps, mais qui, malgré la beauté de l’image et tous les efforts de Fassbender, ne prend jamais vie. Pire, on pourrait même dire qu’il y a tromperie sur la marchandise, compte tenu du titre, du pitch, et de ce que la critique en a dit, puisque la fameuse grève de la faim n’est évoquée qu’à mi-chemin du film (et encore) et ne commence réellement que lors du dernier quart d’heure. Dernier quart d’heure, certes, fort, mais qui ressemble à un court-métrage que Steve McQueen, pour le transformer en long-métrage, aurait ensuite joint à d’autres passages filmés a posteriori, que ce soit donc à travers ce premier acte irregardable, qui pue la pose et où le corps de Fassbender n’est pas même là pour servir d’ancre puisqu’il est absent, et un second acte quasi uniquement constitué de cette discussion avec le prêtre, longue d’environ trente minutes, filmée en peut-être trois plans séquences, et qui derrière sa posture de mise en scène, ressemble à une désespérante tentative d’allonger son matériel. Et bien que la séquence, compte tenu jusqu’à présent de l’absence de Fassbender, parvienne à éveiller notre attention, cela ne suffit pas à offrir du sens à cet Hunger. Intéressant, tout de même, de voir comment McQueen a continué à traiter cette obsession dans ses deux films suivants, Shame et 12 Years a Slave, tous deux avec leurs défauts et encore une certaine propension à la pose, mais infiniment plus réussis et plus vivants, et qui révèlent cet Hunger comme au moins un film honnête. 1/5.
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