Heretic, qui passé les 30 premières minutes plutôt sympathiques, entre l’introduction des deux mormones, discutant sous la pluie de leur vie personnelle (les actrices parvenant rapidement à les rendre incarnées et émouvantes), et la découverte du personnage de Hugh Grant et de sa maison, devient rapidement insupportable. Et c’est le problème du film : c’est que plus il avance, plus il révèle sa faiblesse et sa propre perception angoissée de lui-même. Aussi, non, il n’ose dès le second acte pas raconter une histoire : il se justifie, s’expose de manière conceptuelle, parle de lui-même. Hugh Grant, espèce d’intellectuel opposé à toutes religions, veut confronter les héroïnes à l’inanité de leur propre croyance. Sauf que ce concept, qui aurait pu être intéressant, s’entremêle très mal au principe de huis clos, car autant dans le fond que dans la forme, le film emprunte la structure de l’enfermement de l’ouroboros, du récit qui ne sait avancer et se bouffe lui-même. C’est toujours mauvais signe, quand les personnages expliquent et justifient ce qui vient de se passer – c’est la preuve qu’il n’y a ni mouvement, ni intuition, ni mise en scène. Ici, c’est continuellement le cas, dans une succession de twists vains dont au bout du compte on ne garde rien. Pire, encore, parce que c’est quand même l’essentiel dans un film d’horreur : on a jamais peur, et Hugh Grant a beau être plutôt bon, eh bien il reste Hugh Grant. Il est incapable de véhiculer la menace du film. Bref : un film d’étudiant qui n’a rien à raconter, et qui pour dissimuler son angoisse d’être un imposteur, se pare de raisonnements intellectuels insipides. 0,5/5.
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