Fish Tank, qui, lors de ses deux premiers actes, a les allures typiques d’un film social, réaliste, sur les charvers de Grande-Bretagne ; quelque chose d’un peu éculé, qui a beau être assez marquant de par l’âpreté des relations (remarquablement rendues car jamais à travers la facilité de la violence physique, contenues uniquement via un langage et un mépris au couteau entre la mère et ses deux filles) et de par le toujours excellent Michael Fassbender (figure au charisme hollywoodien qui a la force, dans ce contexte, de ne pas détonner). Mais quoi qu’il en soit, oui, tout cela semble cousu de fil blanc et on se surprend parfois à regarder l’heure – puis alors survient ce troisième acte qui nous prend à contre-pied, autant de par son retournement narratif (c’est-à-dire que l’héroïne finit non seulement par coucher avec Fassbender, mais, découvrant que celui-ci est en fait marié, décide de se venger de lui) que de par son virage lyrique, où la mise en scène accède brutalement à une transcendance allégorique. Tout le passage où l’héroïne kidnappe la fille à l’innocence protégée de Fassbender, où elle la violente, la pousse à travers les champs, est d’une beauté fabuleuse ; le contexte social devient intemporel, les décors réalistes s’en retrouvent incroyablement sublimées, et tout cela dans un crescendo autant naturel qu’imprévisible. Incontestablement, le film prend alors une bien plus grande consistance – sans pour autant nous faire oublier ses passages parfois longuets. 2,75/5.
Comments are closed