Fifty Shades of Grey, et que dire si ce n’est que c’est accablant de nullité. J’aurais vraiment aimé pourtant y trouver quelque chose, m’inscrire à contre-courant de la critique facile et voir la singularité qui a fait de ce film, et du livre duquel il est tiré, un tel succès – mais non. On dirait un film « d’adulte », qui aurait été écrit par un enfant – c’est vide, faux, artificiel ; on rit à l’empire supposé de Christian Grey, à son nom écrit sur la tour de son bâtiment, sur son hélicoptère, sur son crayon, espèce de fantasme féminin dénué de toute crédibilité, de toute vraisemblance, qui ressemble au rêve d’une gamine qui n’a à aucun moment su surmonter son fantasme pour être capable, au lieu de le subir, de pouvoir en parler ; c’est risible et cela respire la très mauvaise fan-fiction. Les dialogues sont nullissimes (« je t’enverrai un mail », « mon ordinateur est cassé », « alors dans ce cas je t’enverrai un SMS » – on sent là bien l’écrit de la romancière amateure destiné initialement à prendre de la place sur le papier, à défaut de pouvoir développer quoi que ce soit, et qui incompréhensiblement dans un film de deux heures n’a pas disparu), les personnages complètement vides, assez semblables à deux chiens qui se renifleraient le trou du cul, sans à aucun moment que l’on comprenne ce que l’un peut trouver à l’autre. Pire, il ne se passe absolument rien. Le truc dure plus de 2 heures, et on peut résumer l’histoire ainsi : Boy meets Girl. Elle apprend qu’il est dans le sadomasochisme, elle essaye, elle n’aime pas. Fini. Et pour faire durer le tout, on cumule les scènes de sexe atroces, laides, sans aucune portée non pas même allégorique mais narrative, puisqu’elles n’incarnent que très rarement l’évolution de leur relation, et se cumulent, se succèdent, sans queue ni tête ; aussi, pour faire durer un peu le tout, on injecte des séquences type « avec Christian dans son hélicoptère » ou « avec Christian dans son avion » rythmées par de la musique pop à la con qu’on a déjà entendues maintes fois dans Les Anges de la télé-réalité (what are we waiting for ? Touch me like you do, tou-tou-touch me like you do, like you do!), et en cela la ressemblance avec la mauvaise télé-réalité n’est pas que musicale, elle est réellement narrative, ce n’est pas plus élaboré, c’est de la romance vide entrecoupée de montages musicaux bling bing sur des sorties où il faut vraiment profiter de la vie. Ah oui, et les acteurs sont tous nuls à chier. Allez, on aimera juste deux choses : la séquence où Anastasia Steele (rien que son nom, débile, pue la fan-fiction atroce) rencontre Christian Grey dans un magasin de bricolage, et qu’il lui demande de l’aide pour acheter des cordes et des attaches (c’est le seul moment où on sent une forme de réalité et d’attention porté à ce rapport au corps), ainsi que cette réponse de Christian, lorsque Anastasia lui demande « si je te laisse me faire mal, qu’est-ce que j’y gagne ? » : Moi. 0,25/5.
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