David Brent : Life On the Road, qui m’a permis d’enfin découvrir le pendant anglais et original de Michael Scott, alias Steve Carell dans The Office. Et sans surprise, vu le penchant de Ricky Gervais pour le pathos, le misérabilisme et l’humanisme (cela semble critique comme cela, mais au vu du ton de son humour et de son honnêteté populaire – usant dans ses bandes originales de Take That ou de Coldplay sans ironie aucune – cela ne l’est pas), je m’attendais à voir le film travailler cette veine que j’ai toujours appréciée dans The Office, avant que la série ne privilégie l’humour du groupe, le sentimentalisme drôlatique (avec les couples de John Krasinski et Jenna Fisher, puis de Carrell et Amy Ryan), c’est-à-dire un vrai humour noir sur la solitude et la souffrance du travail au bureau. Et, pas de surprise, c’est bien le cas : dans la continuité de ce que Gervais avait fait sur Derek, David Brent : Life On the Road est une analyse détachée, froide, d’un homme pathétique, seul, condamné à l’incompréhension. Il filme avec sérieux l’humour qui ne fonctionne pas, au point de trouver parfois le rire de par la gêne – en cela, on pourrait penser que cela est similaire avec le travail de Jody Hill, mais pas du tout, puisque lui fait précisément le contraire : il filme avec humour le sérieux qui ne fonctionne pas, ce qui donne du drame de par la gêne, mais au final un rire véhiculé par la mise en scène. Le problème, ici, c’est que contrairement à Hill, le drame est discret, d’une trivialité qui ne prend jamais les allures d’une grandeur illusoire, et le rire, lui, est rare. On ne s’ennuie pas ; on a de la peine, on rit des musiques parfois bien trouvées, on apprécie la sensibilité osée de Gervais, qui aime ses personnages et ne veut jamais les humilier. Mais malgré toutes ses bonnes intentions, cela demeure assez vain. Le film réussit ce qu’il entreprend, mais ce qu’il entreprend est trop cruellement pragmatique dans le drame, et trop bien intentionné dans l’humour. 1,5/5.
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