Dans la peau de Blanche Houellebecq, qui démarre très bien, porté par la présence simple mais naturellement divertissante de Houellebecq, avec sa vie dans les tours d’Olympiades, où il reçoit la visite de Gaspard Noé (pour le tournage d’un film porno, amusante allusion au scandale de la sextape dans lequel Houellebecq a été impliqué) ainsi que pour préparer son départ en Guadeloupe où il doit participer à un concours de sosie. Problème : comme Thalasso, le film n’est jamais aussi bon que lorsqu’il s’en tient à un récit quasi-naturaliste, se contentant de représenter Houellebecq dans son rapport hésitant au monde. On oscille là entre Mr. Bean et le portrait d’un écrivain, dans une étrange forme de comédie qui pourtant marche. Mais dès que Nicloux introduit des éléments forts narrativement, pour que la fiction prenne le pas sur le documentaire, tout s’effondre. Dans L’Enlèvement de Michel Houellebecq, la fiction à de nombreux égards était secondaire : le principe de l’enlèvement n’avait, au bout du compte, que peu d’impact sur les séquences, il n’apportait qu’un cadre, une justification. Mais dans Thalasso, Houellebecq se retrouvait déjà écrasé par une structure narrative lourdingue, entre la présence de Depardieu et surtout l’arrivée de ces militaires armés. Mais là, c’est pire que jamais, parce que cette surcouche narrative arrive plus vite que prévu : comme si Nicloux, avec ces films sur Houellebecq, ne comprenait pas que plus il dénudait sa narration et plus ses films étaient bons. Et donc au bout de 15 minutes, quand Houellebecq arrive et rencontre Blanche Gardin, on décroche. Le pacte de suspension d’incrédulité ne fonctionne plus : quelque chose s’estompe en nous. Cela devient une blague. Un film de vacances. Et passé 30 minutes, l’on tombe dans l’insupportable, à la limite du regardable. Tout est con, aléatoire, d’un humour décalé qui ne dit rien, ne révèle rien. L’on ne comprend d’ailleurs pas le titre du film, Blanche Houellebecq : l’on avait aimé le premier plan, quand Houellebecq prend Blanche Gardin dans ses bras sur la plage. L’idée d’une comédie d’amour sur les deux aurait potentiellement été réjouissante. Mais ici, ce n’est jamais le cas, comme si le film admettait dès le départ qu’il n’avait pas assez d’énergie, de créativité, de cœur, pour raconter une histoire d’amour. Ce n’est d’ailleurs même pas une histoire d’amitié. Ce n’est rien du tout. Mais de manière hypocrite, il emprunte néanmoins ce joli titre qu’il ne mérite pas. Autre hypocrisie du film : profiter de la présence de Houellebecq (qui demeure quand même la seule bonne chose du film), tout en prenant le soin de se distancer de ses prises de position récentes (on fait beaucoup référence à son débat sur l’Islam avec Onfray), ce qui créé une empathie à reculons. Même si cela permet un moment amusant : celui où les juges du concours de sosie questionnent Houellebecq sur l’absence de femmes fortes dans ses romans, ce à quoi il se contente de répondre par un long silence hébété. Bref : l’on aurait préféré que Nicloux, tout simplement, reste à Olympiades. Qu’il filme Houellebecq, chez lui, dans son quotidien, dans ses errances parisiennes, et fasse de sa réalité un récit émouvant et burlesque, une espèce de Mr. Bean cynique. De L’Enlèvement à Thalasso à ça, c’est un effondrement. Il faudrait peut-être mieux s’arrêter. 0,5/5.
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