Crimes of the Future, qui s’impose immédiatement comme l’une des œuvres les plus faibles de Cronenberg. L’on pouvait pourtant se réjouir de voir le réalisateur revenir à ses premiers amours, à savoir le film d’anticipation et de la transformation des corps, amorce qu’il avait déjà légèrement entamée avec Map to the Stars. Mais ici, malheureusement tout semble figé, conceptuel, dénué tout simplement d’histoire et surtout de mouvement. Autant Cronenberg avait su régénérer son approche avec eXistenZ à la fin des années 90, mettant à jour son rapport aux images traité dans Videodrome et le régénérant avec le virtuel, autant ici le cinéaste paraît se contenter de recycler son cinéma. Tout paraît vieillot (cette idée des corps qui vont bientôt apprendre à digérer le plastique semblant sorti tout droit des années 90), cheap (avec ces décors répétitifs, qui paraissent faire de ce Crimes of The Future un film de vacances, un défi qu’il aurait fallu accomplir en deux semaines), et surtout quasiment théâtral. Parce que Cronenberg n’a plus rien à dire de nouveau, il se contente de rassembler des archétypes de son cinéma, de les mettre face à face. D’un côté, donc, les métamorphosés (déjà vus par exemple dans eXistenZ, Scanners ou Videodrome), de l’autre les chirurgiens (Dead Ringers ou même Freud et Jung de A Dangerous Method). Le film, ainsi, n’avance nulle part et ne dit rien : il ne procède qu’à une rencontre. Rencontre entre celui qui se transforme et celui qui retire, dialogue sans but, uniquement centré sur la pulsion entrée/sortie. Les personnages n’existent pas. L’univers n’existe pas. Ce n’est qu’une pièce de théâtre, une installation d’art contemporain (avec ces références au bio-art d’Eduardo Kac, qui s’était lui-même fait greffer des oreilles) – mais, à de nombreux égards, ce n’est plus de cinéma. Cronenberg n’a tout simplement plus assez de pulsion vitale pour en faire. Tant pis. On lui saura quand même gré, à son âge, d’avoir essayé. 1,25/5.
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