Climax, peut-être le film le plus convenu de Gaspard Noé et en même temps le plus représentatif de son style, propre à cette œuvre qui existe souvent chez tout artiste, où un instant, il se contente simplement de faire ce qu’il sait faire, ni plus ni moins, convaincu que son style se suffit à lui-même – et c’est parfois, paradoxalement, les œuvres les plus charmantes de ses auteurs (on rangera dans la même catégorie Plateforme de Houellebecq). Ici, l’on aimera vraiment le début, centré autour de cette troupe de danseurs, tous joués par des acteurs amateurs, que Noé filme à travers une forme de mockumentaire : le film est alors bon, très singulier. Comme toujours Noé est libre, politiquement incorrect, il ne se limite pas à un propos particulier : il fait du cinéma. Tous les personnages, pour beaucoup des jeunes de la rue, s’avèrent stimulants, parfois magnétiques, et le principe de juxtaposer leurs interviews les uns aux autres, comme pour faire monter, à travers leurs récits respectifs, un crescendo énigmatique, est très réussi. La seconde partie du film n’est néanmoins peut-être pas à la hauteur du montage brillant de la première : si l’on aimera la façon dont tout dérape dans un enfer typique de Gaspard Noé, avec cette descente jusqu’à aboutir à un enfant enfermé dans un transformateur électrique, on demeurera peu convaincu par l’exécution du tout. Le problème, à ce stade, c’est que Noé et la bande-son (avec notamment Aphex Twin) ont beau porter le film, les acteurs peinent à réellement se muer en véritables comédiens. Autant ils étaient excellents dans ce qui devait s’apparenter à leur vraie personnalité dans la première partie, autant lorsqu’il faut incarner le revirement radical de Noé, ils apparaissent plus empruntés, et l’ambition du metteur en scène de transformer à mi-chemin le genre de son film, de faire naître l’horreur depuis un documentaire en apparence banal, se heurte au talent de son casting. Bref, comme toujours chez Noé, on réalise que le film ne va nulle part : qu’au contraire, il se développe dans son centre, comme une spirale infinie. Problème, ici : le centre n’est pas assez irrésistible pour nous faire oublier qu’il n’existe aucune conclusion. Enfin, tout de même : c’est du cinéma, pur et dur… 1,75/5.

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