Body Double, que nous avions vu lors de notre adolescence et que nous avions beaucoup aimé, et dont nous ne nous rappelions qu’à moitié. La première partie, en effet, est inoubliable ; cette maison perchée dans les hauteurs, à la pièce circulaire ; l’observation au télescope de la voisine ; cette espèce de monstre, que l’on finit par observer en train d’observer ; la musique de Pino Donaggio… En cela, De Palma n’a alors jamais été aussi bon, jamais aussi fort dans la mise en scène (la séquence de filature, lorsque le héros suit la voisine, d’abord dans un centre commercial puis sur la plage, avant de se retrouver face à face avec l’homme monstrueux dans ce long couloir étouffant, est géniale) et jamais aussi singulier (ça transpire les années 80, et, pourtant, cela ne ressemble à rien vraiment de précis, on est alors quand même, enfin, loin de Hitchcock). La seconde partie, en revanche, dont je ne me rappelais que très peu, et où l’on comprend que cette voisine dansante n’était pas réellement la voisine qui allait finir par mourir, mais une actrice porno engagée pour attirer le regard du héros (un Body Double, donc), est moins bonne mais au twist quand même assez ingénieux (on est au-dessus, disons, des retournements de Dressed to Kill ou Obsession). D’autant que De Palma profite de cette perte de repères entre réalité et cinéma, entre victime et actrice, pour multiplier les mises en abyme, notamment lors d’une séquence de clip érotique rythmé par « Relax, Don’t Do It » de Frankie Goes To Hollywood, autant kitsch que déstabilisante à dessein, et toujours chez De Palma franchement virtuose. Très certainement ce qu’il a fait de mieux, et de plus propre à sa voix profonde, derrière Blow-Out. 3,25/5.

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