Big Daddy, que l’on n’avait pas revu depuis au moins quinze ans, et qui nous a surpris tant la perfection ciselée de son montage et de son scénario est incontestable. Ce n’est, en effet, pas un hasard si Big Daddy a tant marché : on ne s’ennuie jamais, aucune scène ne se répète, tout se déploie fluidement et en rythme. L’histoire est bonne, les personnages drôles, les relations émouvantes, la morale, même, en miroir, avec le fils qui doit aimer son père pour à son tour devenir un père, est bateau, mais suffisamment cohérente et douce pour tenir sur ses épaules le fil narratif. Franchement, là encore, on peine à comprendre les critiques qu’a par la suite subi Sandler toute sa carrière. Au-delà d’être un excellent acteur quand il le veut, il prouve avec Big Daddy qu’il est de toute façon un redoutable faiseur de comédie (il est ici crédité à la production et au scénario). On aimera, aussi, les personnages secondaires, de Allen Covert à Steve Buscemi, et même ce type homophobe, peinant à comprendre le revirement sexuel de ses amis d’université, et qui ne sert jamais ici à faire la morale, mais au contraire à pousser à aimer et comprendre tout le monde (soit autant les homosexuels que les réactionnaires inquiets). Comme quoi, la vraie tolérance était là, dans les années 90 : pas dans le fait d’imposer des figures de la diversité, et de les opposer à des antagonistes fachos, mais dans le fait de représenter l’intolérance avec affection. On a le droit, aussi, à de vraies idées de séquences, comme celles où Sandler (déconstruisant avant l’heure le patriarcat) explique à son fils adoptif que si le monde va mal, c’est parce que les hommes ont tous été traumatisés par leur père. Il prend alors pour exemple chaque homme qu’il croise dans la rue, notamment un gothique boudeur : c’est pertinent, drôle et cinématographique. Il n’y a rien à changer. Même la fin, assumée dans son exagération morale, est touchante, quand l’on voit tous les personnages, au procès, appeler leur père (Steve Buscemi contactant le colonel). Enfin, pour finir, la bande-son, que j’avais continué à écouter ces dernières années, est superbe : « When I Grow Up » de Garbage, les reprises de « Only Love Can Break Your Heart » de Neil Young par Everlast, et de « What Is Life » de George Harrison par Shawn Mullins, « Instant Pleasure » de Rufus Wainwright… On ne s’en lasse décidément pas. Big Daddy, l’une des meilleures comédies des années 2000 ? Oui. 2,5/5.

Comments are closed

Articles récents

Commentaires récents

Aucun commentaire à afficher.