Behind the Candelabra, dont j’avais préféré me tenir loin, lors de la sortie, tant l’esthétique kitsch du film, ainsi que l’histoire d’amour gay avec trois à quatre décennies d’écart d’âge, espèce de tapis rouge vers l’Oscar pour Michael Douglas, me refroidissaient sévèrement – et ce n’est pas le nom de Steven Soderbergh à la réalisation, dont la filmographie, très irrégulière, m’a toujours repoussé, qui devait me faire changer d’avis. Aussi, quelle surprise de découvrir que le film est en tout point remarquable, à la fois terriblement simple, parfaitement classique, et en même temps si singulier. Quel traitement des corps, déjà. La défiguration, dans le narcissisme, dans l’idolâtrie, dans la passion amoureuse ; voilà, bien entendu, qui me parle, et que pourtant je n’avais jamais vu à l’écran. De cette façon, on a beaucoup parlé dans la presse de Michael Douglas, certes excellent, mais que dire de Matt Damon, absolument fabuleux, qui trouve là – et de très loin – le meilleur rôle de sa carrière. Au-delà des acteurs, l’écriture est excellente, la musique superbe et la mise-en-scène de Soderbergh d’une finesse extrême, transcendant bien rapidement son esthétique kitsch pour l’embaumer d’une douceur et d’une mélancolie remarquable. Surtout, le film est parcouru d’un crescendo parfaitement maîtrisé, qui d’un premier acte assez fascinant mais somme toute un peu convenu, prend à revers et s’enfonce vers quelque chose de toujours plus beau, à travers la déformation des corps, l’absence de sens et, malgré tout, une vraie douceur. On regrettera seulement l’acte 1 un peu moins bon que le reste, et que le film ne soit pas un peu plus long, ce qui lui aurait sûrement permis de davantage donner de la consistance à cette histoire dans le temps (qui, dans la structure, paraît un peu trop maîtrisée pour réellement représenter ce qu’est l’amour, dans le sens où le film filme la perdition mais ne paraît pas lui-même se perdre, s’enfoncer dans des longueurs, dans des absurdités, dans des pertes de temps propres à l’amour ; on aurait aimé, à mi-chemin, trente minutes de plus, quitte à ce qu’elles soient moins bonnes, pour accentuer le tourbillonnement). 3,5/5.

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