Beasts of No Nation, qui présente cet énorme écueil d’être un film sans surprise (à peu près exactement ce que l’on pourrait visualiser lorsqu’on pense à un film sur un enfant soldat) et qui ne dit rien sur quoi que ce soit. Maintenant, passé outre l’aspect un peu prévisible et vide de sens du film, soulignons toutefois 1) qu’il ne tombe jamais dans un misérabilisme et une morale grossière 2) qu’il prend au fil des minutes une véritable consistance, habité par d’excellents acteurs – même si Idris Elba, quelquefois, en fait un peu trop – et que 3) l’horreur de ce spectacle, parce que parfaitement introduit, distillé à travers les actes, nous immerge dans un univers qui ne paraît jamais vouloir choquer pour choquer. Embrassé, bercé, par une réalisation plutôt réussie (Fukunaga, qui a également adapté seul le roman et est crédité en tant que directeur de la photographie, semble avoir pris à bras le corps le projet), Beasts of No Nation s’incarne avec puissance jusqu’à cette conclusion remarquable, ce plan dans les tranchées rouges, où notre enfant-héros marche avec ces armes et sa cigarette à la main, sans qu’on se sente ailleurs qu’avec lui, sans qu’on ne sente comme un spectateur occidental coupable et à qui l’on aurait fait la morale (ou à qui l’on aurait voulu tirer les larmes). Alors, certes, la fin, sur la plage, ne dit rien sur rien ; certes, la voix over de l’enfant sonne comme du Terrence Malick du pauvre ; mais le film, quand même, a de la vie et du courage. 2,25/5.
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