Arrival, qui comme toujours chez Denis Villeneuve se révèle visuellement assez bluffant. Surtout la première partie du film, où l’on découvre le vaisseau (notamment à travers un superbe plan séquence conclu par une spirale autour du camp humain) puis les aliens, avec cette apparition arachnéenne hors de ce brouillard expressionniste. Cependant, reconnaissons que la seconde partie du film, toujours très tenue, ne surprend plus au niveau esthétique (n’est pas The Neon Demon qui veut). Au niveau narratif, aussi, l’on est surpris – car si ce n’est pas toujours un point très réussi chez Denis Villeneuve, ici, porté par un scénario bien pensé, l’on navigue parmi une structure clairement héritée de Lost, nous laissant à croire que ce récit ne sera qu’une énième réflexion sur la perte et le lâcher-prise à la Gravity ou Contact (oh ouin ouin, Amy Adams a perdu un enfant, il va falloir qu’elle s’abandonne à une force supérieure venue allégoriquement la libérer !), pour mieux profiter de ce cliché préexistant afin de nous prendre à revers (puisque ce que l’on croyait être des flashbacks ne sont que des flashforwards, les images d’un enfant encore à naître, révélation semblable au finale de la saison 3 de Lost). Suite à ce retournement de situation, le film se déploie à travers un rythme maîtrisé, empruntant plus à un The Constant (toujours Lost), puisque Amy Adams, comme Desmond, voyage dans le temps via des va-et-vient de sa conscience pour influer sur le présent. Problème, face à ce film qui ébahit visuellement dans sa première partie, et parvient à nous maintenir en éveil dans sa seconde par un relais bienvenu du narratif, il n’empêche qu’il manque quelque chose de fondamental : du fond, comme toujours chez Villeneuve. Et si l’on aimait, au début du film, cette réflexion encore vague sur le langage (dans le sens où c’est la langue que l’on parle qui crée notre façon de voir le monde), celle-ci se délite progressivement pour laisser la place à un narratif divertissant mais de moins en moins porteur allégoriquement. Le tout se termine par une pirouette dont la morale douteuse reste courageuse (Amy Adams préférant concevoir un enfant dont elle sait pourtant qu’il finira par mourir du cancer…), dans une absence de pensée assez sidérante au vu de ce déploiement considérable en termes visuel et narratif. 2,25/5.

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