Are You Here ?, une comédie romantique aigre-douce, dans le style de Woody Allen, avec dans le rôle principal un Owen Wilson cynique et donc bien raccord. Le vrai problème, c’est que Matthew Weiner, dont on se demande pourquoi il a pris durant Mad Men le temps de réaliser ce film dispensable, n’a absolument pas la verve d’un Allen. Aussi, dans le premier acte du film, rien ne marche : ça parle, parle, parle, sans jamais réussir à atteindre ses objectifs – à savoir être drôle ou paraître intelligent – ; ça semble empaillé, complètement à côté, bancal à tout point de vue. C’est en fait, à mieux y réfléchir, le film typique qu’on pouvait attendre d’un scénariste de télévision à qui on donne pleine liberté ; on ressent parfaitement ce ton dépréciateur, désespéré, faussement intelligent, qu’ont tant de scénaristes télévisuels lorsqu’on leur donne la parole – et Weiner, malgré son talent évident, ne s’élève pas au-dessus de ces limites propres à l’homme doué mais suffisamment intelligent pour comprendre qu’il n’est néanmoins pas vraiment un auteur (d’ailleurs, que Wilson, dans le film, joue un présentateur météo n’est pas innocent).

Toutefois, lorsque le film commence à se mettre en place, que le deuxième acte s’installe, les choses se décoincent, commencent à quelque peu s’incarner : cela demeure du sous-Woody Allen, quelque chose de ni fait ni à faire, mais on se prend à retrouver en certaines occasions la touche de Weiner – celle, en somme, de Mad Men – et plus le film devient triste, plus Wilson cesse de faire le malin, et plus il s’avère sympathique. Zach Galifianakis nous touche, dans ce rôle d’intellectuel raté et aliéné (il a vraiment quelque chose, en tant qu’acteur dramatique) ; le rapport, un peu naïf, à la nature éveille quand même en certaines occasions de vrais moments (l’idée du végétarien qui accepte de manger de la viande lorsque l’animal sacrifié a été tué par son meilleur ami est belle ; la voisine qui se révèle enfin nue, et qui n’inspire que déception et tristesse, face à l’arbre coupé, est également touchante, désarmante de simplicité, face à ce qui avait été jusqu’alors cynisme et prétentions intellectuelles). De la même façon, la toute fin – étrange réflexion sur la représentation, du cheval mécanique en opposition au véritable animal – échoue à dire réellement quelque chose, mais a le charme de se conclure, compte tenu du traitement des thématiques habituelles de Weiner sur Mad Men, avec logique et obsession. En somme, on finit dans cette œuvre qui se voulait très classique, par trouver des traces d’une tristesse singulière, comme si le film ratait le plus facile et réussissait le plus difficile. C’est toujours mieux que le contraire. 1,75/5.

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