Sept ans au Tibet, dont l’hypocrisie ultime est de vouloir faire le récit d’un occidental plein d’orgueil qui se soumet aux valeurs du bouddhisme et du détachement, alors que le film ne cesse de mettre en avant Brad Pitt et son corps parfait, révélé de façon ostentatoire et sans logique aucune (à moins que la musculation dans les montagnes de l’Himalaya soit une pratique plus courante qu’on ne le croit). D’ailleurs, le nom même de Brad Pitt au générique est le seul à s’afficher de façon aussi grosse, et en deux respirations (Brad… PITT), que le titre du film (Sept ans au… TIBET), comme s’il était de facto admis que la figure de la star hollywoodienne avait au moins autant d’importance que toute la culture et la philosophie du pays dont il va être question, si bien que l’on se demande si l’on ne fait pas face au récit en creux, révélation en abîme, du fait que c’est plus un film où le Tibet va en Brad Pitt, qu’un film où Brad Pitt va aller au Tibet.
L’idée, pourtant, de confronter la figure de la Star au valeur du bouddhisme, de déconstruire l’icône hollywoodienne dans un film sur la non-identité, de mettre Pitt à nu, voire, mieux, de le ridiculiser, aurait pu être belle. Malheureusement, cela ne survient que de façon trop brève, trop artificielle (car il est vrai que le personnage de Pitt est tout de même contredit dans la posture habituelle du héros hollywoodien, et voit notamment l’intrigue romantique lui être refusée). La mise en scène, aussi, est un échec, les décors majestueux demeurant la plupart du temps au stade de la carte postale ; le tout demeure figé, prend très peu vie. Pitt, également, il faut le dire, est plus qu’agaçant dans sa mise en avant permanente : il est atrocement mauvais, avec son accent allemand risible et ses cheveux d’un blond écœurant. Bref, tout est réuni pour classer le film au rang de navet hypocrite, et pourtant, il faut bien avouer que la singularité de l’histoire originelle – en somme, un nazi chez les bouddhistes – parvient à maintenir notre curiosité jusqu’au bout (et le film, pourtant, dépasse les deux heures). 0,75/5.
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