The Sea of Trees, dont on a beaucoup aimé les dix premières minutes, avec ce protagoniste s’en allant au Japon, après avoir fait la réservation le jour précédent, sans vouloir un billet retour ; on aime comment, tout de suite arrivé, il se précipite dans la forêt, s’y enfonce, sûr de lui… pour en fait y mourir. Mais ensuite, très rapidement, c’est l’effondrement total, et non pas à travers les écueils qu’on avait entendus à propos du film lors de sa projection à Cannes – qu’on décrivait comme un film onirique, métaphysique, sans queue ni tête, une espèce d’œuvre dingue allant partout et nulle part. Au contraire, c’est faire trop d’honneur à Van Sant de parler de The Sea of Trees comme d’une œuvre monstre – car il est surtout d’une nullité insipide très cohérente. Logique, structuré, du niveau de Guillaume Musso ou Marc Lévy. C’est d’une bêtise et d’une connerie sans nom, gloubi-boulga gavé de synchronicité et de philosophie de pacotille, succession de déjà vu, d’évidence, de clin d’œil du destin, qui se tissent en l’espace de cinq minutes, ajoutés au scénario comme au petit bonheur la chance, sans aucune intuition sensible, sans aucune vérité émotionnelle, toutes errant là en l’absence parfaite de crescendo. Mais le mieux, c’est quand même lorsqu’on comprend que si McConaughey est dans cette forêt, c’est parce que sa femme, avant de mourir, lui a demandé de ne pas mourir dans un hôpital – sans que cela ne soit jamais justifié ou introduit par le récit ou le personnage de Watts, dépeinte comme résolument matérialiste – avant que, quelques scènes plus tard, McConaughey ne découvre cette forêt en tapant sur google « perfect place to die » et clique sur le premier lien venu. Sommet du grotesque, cette séquence où l’on apprend que Naomi Watts, en fait, ne va pas mourir du cancer – ce qui laissait penser à un beau retournement de situation (le suicide, malgré tout ?), mais qui se neutralise immédiatement lorsque l’ambulance est fauchée dans un élan complètement absurde par un camion (!). Vraiment, on se demande ce que McConaughey ou Watts sont venus faire là. Même Van Sant, pour qui on n’a qu’une estime mesurée, nous surprend : on a eu l’habitude, avec lui, de visionner des films parfois prétentieux, hautains, un peu vides – mais jamais bêtes. 0,25/5.
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