The End of the Tour, dont j’ai vraiment aimé le concept – la rencontre entre un journaliste aspirant et le génie du moment qui termine son tour de promo. J’ai aimé le rythme, l’ambiguïté des deux personnages, la tension fine entre les deux, la rancœur du journaliste qui se sait ne pas être génie, la mégalomanie profonde mais cachée du romancier – et cette difficulté à accepter que le triomphe ne rime pas forcément avec un rapport plus facile avec la vie, cette jalousie de l’autre, qui moins brillant mais plus simple, semble davantage savoir dominer le moment, tout cela touche juste, permet une répartition équitable entre les deux personnages. Où le bât blesse, toutefois, c’est dans la nature biographique du film et le traitement de David Foster Wallace, dont l’existence réelle exigeait encore plus de concrétiser, d’incarner, son génie ; or la véracité du personnage plombe quelque peu celui-ci, qui n’apparaît absolument pas à la hauteur de ce talent réel et supposé dont le film se veut être en quelque sorte le promoteur ou le relais – en cela, on ne ressort pas de ce The End of the Tour avec l’envie de lire ou relire Infinite Jest ou La fonction du balai (on pourrait même dire : au contraire…). Bien sûr, ce n’est pas nécessairement un problème, mais dans ce cas précis, rendre hommage est de toute évidence ce que veut faire le film (on le comprend notamment lorsque le personnage de Jesse Eisenberg parle d’une discussion avec Foster Wallace comme la plus passionnante de sa vie, alors qu’à notre point de vue de spectateur, elle nous a paru en tout point banale). Bref, le film divertit, convainc dans son récit, mais échoue à s’élever au niveau de génie qu’il octroie à son héros. 1,75/5.
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