The Gift, thriller extrêmement rusé, qui s’impose dans le contre-pied. Aussi quelle idée de partir sur l’idée très clichée de la femme qui fait trop confiance à la présence anormale et menaçante, pour d’autant plus favoriser chez le spectateur la croyance que le héros, lui, fait bien d’être méfiant. Quelle idée, aussi, pour accentuer cet état de fait, que d’avoir choisi Jason Bateman, habitué à la comédie et au rôle sympathique, pour incarner cet homme qu’au départ on accueille immédiatement comme un relais spectatoriel, comme un personnage équilibré, rationnel, et dont l’apparente normalité accentue d’autant plus l’étrangeté que l’on confère à cet ami d’enfance, forcément un danger et une source de conflit. Mais plus le film avance, et plus il referme son piège sur nous. Essentiellement d’ailleurs grâce au personnage de Bateman, remarquablement bien écrit, que ce soit dans ses regards, son allure, ses gestes, son comportement en général ; tout est très fin, on sent progressivement l’anguille sous roche, la profonde pourriture, derrière l’homme du capitalisme, doux crescendo du désir de vivre, où derrière l’argent, la voiture, la promotion et la cuisine américaine, se révèlent progressivement la rage et le vide.
On saluera, aussi, que même à la fin, le film ne fait pas l’erreur d’entièrement renverser son postulat de départ, ce qui aurait finalement conduit à retourner le cliché sur lui-même ; la victime, non, ne devient pas entièrement l’agresseur (et le héros, aussi détestable soit-il, ne mérite pas ce qui finit par lui arriver) ; l’agresseur ne devient pas non plus entièrement la victime (car il est quoi qu’il en soit avant tout un psychopathe). La conclusion, enfin, place le personnage féminin véritablement au centre du récit, fait d’elle la vraie héroïne : son monstre, c’était son homme. C’était lui, son mari, le vrai intrus dans sa maison. Et elle s’en défait. 2,75/5.
Comments are closed