The Hunt de Thomas Vinterberg, vraiment très proche dans la tension et le pessimisme de son ami Lars Von Trier (le film rappelle surtout Dogville). Le tout est passionnant et captivant, cumulant les qualités dans chacun de ses actes ; d’abord, on goûte avec joie que le film fasse partie de cette race trop rare de l’œuvre dont on ignore bien longtemps quel va être son genre et de quoi, exactement, va-t-elle parler. Lorsque c’est le cas, le crescendo est parfaitement maîtrisé, la gestion des ellipses redoutable (notamment lorsque le héros disparaît durant son passage en prison pour nous laisser emprunter le regard du fils), tout est au fil du rasoir. Le troisième acte permet au récit d’arriver à son apothéose lors bien entendu du regard dans l’église, qui a cela de fort qu’il nous regarde nous-même, en tant que spectateur – car bien que l’on ait tendance à croire en l’innocence du héros, le fait que la mise en scène ne nous l’ait pas réellement montrée nous pousse malgré tout à soupçonner un possible retournement de situation (« et si le film, au final, nous surprenait via un twist bien cruel à la Von Trier et révélait le héros comme un coupable ? », se dit-on). Ainsi, lorsque Mads Mikkelsen regarde le père de la petite fille, il regarde notre propre soupçon, qui finalement nous révèle que nous ne sommes pas vraiment avec lui ; nous sommes avec la meute. De cette façon, le film est plus beau et plus fin que Dogville, où l’acharnement sur Nicole Kidman purement injustifié ne nous laissait pas croire qu’elle était possiblement coupable de quoi que ce soit, préférant simplement représenter la bêtise de la foule. Ici, l’ambiguïté du propos veut que, quoi que l’on puisse dire, nous appartenons au groupe. Toutefois, c’est peut-être dans cette maîtrise de bout en bout du film qu’on trouvera les qualités mais aussi les défauts – minimes – de The Hunt ; on regrettera l’absence de folie et d’extrémisme que l’on aurait peut-être retrouvés chez Von Trier ; on ne bascule jamais dans quelque chose d’absolument atroce et démesuré, et la fin, également, n’est pas totalement efficace. En somme, The Hunt est presque trop intelligent, ne paraît pas aller complètement au bout de lui-même. 3,25/5.
Comments are closed