Whiskey Tango Foxtrot, qui est vraiment un drôle d’objet filmique, au genre assez indéfinissable, et peut-être si l’on devait se risquer à le classer, dirait-on que Whiskey Tango Foxtrot est une comédie romantique de guerre. Il faut alors reconnaître au film un ton unique, une approche humoristique assez osée qui automatiquement nous le rend sympathique ; mais parce que l’objet est précisément très peu commun, et maintient notre intérêt toujours en éveil, il faut aussi convenir qu’il n’est ni jamais très drôle, ni jamais très émouvant, ni même jamais très intelligent, et on se demande, où, au bout du compte, le film désirait nous emmener.
De la même façon, la singularité du film ne suffit pas à fermer les yeux sur sa faillite morale ; en cela, appliquer les codes de la comédie romantique, les schémas des magazines féminins, sur le contexte de la guerre en Afghanistan, c’est quand même qu’on le veuille ou non le summum de l’américanisme puant, de la vulgarité suprême. En somme, c’est l’Amérique, qui après avoir ravagé des pays, trouve le moyen encore d’en faire une comédie romantique. La moquerie, aussi sévère soit-elle, du peuple afghan ou de l’Islam n’est évidemment pas un problème ; mais cette façon d’utiliser une guerre américaine dans le Moyen-Orient comme un contexte aussi banal que « Cameron Diaz déménage à Londres pour oublier un chagrin d’amour » ou « Anne Hathaway devient stagiaire pour un magazine de mode à Manhattan » laisse pantois. Point d’orgue de tout cela, cette séquence où Martin Freeman est libéré par les marines, mis en musique par le « I Can’t Live » de Harry Nilsson, et qui laisse clairement sous-entendre que cette séquence de guerre est l’équivalent dans une comédie romantique classique de la grande retrouvaille du troisième acte à Manhattan. C’est dans cette séquence que le film révèle le plus clairement sa force et sa faiblesse ; sa force, dans son approche singulière, et surtout dans son ironie avouée face à lui-même ; sa faiblesse, dans le fait qu’aussi ironique et consciente soit-elle, on ne pourra pas s’empêcher de trouver le film hautain et commercial. 1,5/5.
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