Self/less, qui davantage qu’un intéressant pitch de départ – la possibilité de se réincarner secrètement dans un autre corps –, propose en plus cette idée vraiment stimulante tout au long du film des réminiscences de l’âme propre à l’ancien corps, promesse d’anamnèse presque corporelle, organique, qui offre au récit une dimension mythique et un dénouement logique (finir par laisser l’ancienne âme de notre corps prendre le dessus, lâcher prise nous-même sur un corps qui n’est pas le nôtre). On perçoit alors là tout le talent de Tarsem Singh, qui nous avait tant enthousiasmé sur The Fall – mais, malheureusement, Self/less échoue de par son parti pris d’en faire un film d’action hollywoodien avec Ryan Reynolds. Et pas qu’un film d’action hollywoodien – un très mauvais film d’action hollywoodien, aux ressorts scénaristiques d’autant plus grotesques qu’on perçoit bien, précisément, qu’ils sont artificiellement greffés à cette histoire qui n’aurait pas dû emprunter un tel genre. Le film, alors, comme souvent, embrasse les maux qu’il désire condamner ; le fait de s’attacher à un corps étranger, de créer un phénomène contre-nature. Si encore Singh avait su galvaniser le film avec cette beauté esthétique (parfois un peu kitsch, mais séduisante néanmoins) dont il est d’habitude coutumier ; mais ici, le prosaïsme esthétique et l’approche réaliste du film le contraignent entièrement. 1/5.
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