Tomorrowland, assez brillant durant sa première heure – les décors, la réalisation, les acteurs, les personnages, la naïveté adorable du propos, quasiment tout marche ; et qui n’a jamais rêvé d’accéder à un passage secret au milieu d’une attraction de Disneyland ? Problème : comme dans Prometheus et Star Trek Into Darkness, Lindelof apporte une vision théorique et iconoclaste quant à la structure du blockbuster qui devient un obstacle. Ici, cela tient dans le fait que ce qu’on croyait être un paradis n’est en fait qu’une publicité, et que ce qu’on croyait être la fin du monde n’est qu’une propagande ; la matière du blockbuster est réfléchie, mise en abyme et offerte à réflexion. Rien à dire, c’est admirable, et en ce sens, la fin du film marche parfaitement – voir par exemple George Clooney porter le corps de son amour de jeunesse perdue, et lâcher prise sur sa déception pour tuer la propagande universelle, touche juste. Mais où le film déçoit et pose problème, c’est que face à cette approche en creux de l’univers Tomorrowland, le film est obligé de repousser le retour dans son univers au troisième acte, et nous impose durant trois quarts d’heure des interminables poursuites avec des robots tous plus insupportables les uns que les autres – plus précisément, lorsque Britt Robertson (absolument adorable, on voudrait qu’elle ne vieillisse jamais) finit par retrouver George Clooney et s’échappe de chez lui en baignoire, il aurait fallu qu’on retourne tout de suite à Tomorrowland. Tout ce qui suit après cela, jusqu’au retour dans l’autre monde, agace prodigieusement – la scène de la Tour Eiffel, notamment, paraît hors de propos. Néanmoins, le film a beaucoup de qualités ; son univers, ses personnages, son ton, son intelligence, sa philosophie. On regrette simplement cet écueil, suffisamment long et lourd pour risquer de venir à bout de la patience de n’importe quel spectateur. 2,25/5.

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