L’Ombre d’Emily, surprenamment très sympathique lors de sa première partie, avec ce duo efficace composé par Blake Lively et Anna Kendrick. On aimera en cela beaucoup le personnage de cette dernière, timide mère de famille fascinée par la figure de la femme fatale, et quand Lively disparaît et que Kendrick se retrouve en couple avec son mari, le film devient même captivant : il y a quelque chose d’hypnotique, autant dans le fond que dans la forme, à voir le corps petit et frêle, enfantin, de Kendrick, se retrouver à aller et venir dans le dressing de Lively, composé pour ce physique athlétique, refait, aux implants mammaires, purement hollywoodien. Le film exprime alors, toujours dans la drôlerie et l’humour, quelque chose de plus profond qu’on ne pouvait le croire, avec un vrai traitement des corps. Non seulement L’Ombre d’Émilie est à ce stade drôle et bien monté, mais il est en plus surprenant et se développe vers une fin inconnue et potentiellement profonde.

Et puis, patatras : l’on comprend qu’il est en fait adapté d’un roman type thriller féminin à la con. Parce que l’on retrouve tous les retournements narratifs abrutis de ce type de récit, avec Blake Lively revenant à la vie, et ces flashbacks ni fait ni à faire sur son enfance, sur l’existence d’une sœur jumelle qu’elle avait noyée dans un lac… Bref, l’on découvre que l’allégorie, que la dialectique fertile que développait le film, se faisait presque malgré lui, et tout rapidement se désaxe et devient sans centre. Que raconte alors le film ? Plus rien. Il n’est qu’une excuse à un déroulement pornographique de la narration. Du retournement pour retournement. On finit, lors du dernier acte, franchement dégoûté, uniquement encore là pour Anna Kendrick, qui dans ce dégueulis de twist, reste toujours aussi drôle et adorable, la réalité de son corps survivant à la fausseté scénaristique du tout. 1,25/5.

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