Master Gardener, dont on aimait l’idée de départ, à savoir un homme taciturne, un peu bourru, œuvrant pourtant à la perfection en tant que jardinier, soumis mystérieusement au bon vouloir de sa propriétaire plus âgée que lui, le dominant au point d’exiger de sa part des rapports sexuels. Il y avait là, en soi, un film, et avec la finesse de Paul Schrader (la façon de représenter le jardin, avec des teintes si grises, si neutres, frappe tant c’est inattendu) et ce duo d’acteur étrange et bien trouvé (Sigourney Weaver et Joel Edgerton), on était séduit. Sauf que… ce n’est qu’un quart du film. Car Schrader, au lieu de s’enfoncer et d’approfondir son sujet, rajoute une succession d’intrigues malvenues, quasiment hors sujet, transformant ce Master Gardener en un mash-up d’idées que Schrader aurait retrouvées quelque part dans un tiroir. Ainsi, Edgerton s’avère être un ancien nazi déchu… et là encore, pourquoi pas ?, la rencontre entre les motifs des tatouages suprémacistes créant un écho ambigu avec les fleurs du jardin. Mais cela, en plus, se mue en intrigues vulgaires, avec des personnages de nazis, anciens amis d’Edgerton voulant le ramener vers ses anciens démons (qui s’exprimaient de manière pourtant plus profonde à travers son rapport au personnage de Weaver). Pire encore, le personnage de la nièce de Weaver, campée par une actrice au jeu pour le moins minimaliste, presque intéressante tant elle semble inerte au point d’en être végétale : mais une nouvelle fois Schrader s’y attaque de la façon la plus lourde possible, injectant multiples intrigues comme s’il essayait d’écrire une saison de série télé. Ainsi, non seulement la nièce, parce que noire de peau, va symboliser la rédemption pour notre ancien nazi, mais en plus son ex petit copain, toxique, va représenter un énième conflit pour le héros et, pire que tout, c’est avec elle qu’il va finalement nouer une histoire d’amour. Comme si Schrader, devant le potentiel évident de son postulat de départ (un jardin, Edgerton, Weaver) n’était capable que de s’en éloigner à travers un décuplement narratif absurde. Un gâchis. Mais au moins, disons-le, c’est un film vraiment étrange. 1,25/5.

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