Les émotions qui jonchent le parcours d’un récit ne sont que l’expression de divers et multiples itinéraires – c’est une affaire de circonstances, vraiment. Mais la destination d’un récit, et a fortiori de toute œuvre d’art, ne peut jamais être que parfaitement identique, et ne peut mener qu’au même et ultime sentier. La destination de l’œuvre d’art ne peut jamais être que le bonheur. Le bonheur, non pas pour soi, non pas même par ou pour un autre, mais au nom de l’existence d’une esthétique souveraine : le bonheur d’être témoin, ou d’avoir vécu, cette brillance. Ceux qui pensent que la finalité peut être autre, ceux-là se fourvoient, ceux-là ont échoué, échouent ou échoueront : une œuvre qui abandonne son visiteur dans l’abîme de la désespérance, qui le laisse aux mains des passions tristes, est une œuvre qui s’est perdue en cours de route et a trahi sa source. Même le point final le plus dramatique, le plus lucide, le plus mortifère qui soit, même la tragédie, même le néant, n’aura jamais d’autre défi et devoir que de faire résonner l’exaltation, dans chaque cœur, de la supériorité du talent impérieux sur le principe de la vie même, celle donnée et matérielle. Aussi, je peux le dire, et aussi, je l’affirme : il y aura du bonheur, au bout du chemin. Il n’y aura que ça. J’ai la joie, la plus suprême des joies, en ligne de mire, et vise avec folie le grand sens. J’ai un plan. Et j’ai une cible, tout en haut. Ton destin sera ainsi : ce sera le bonheur de l’expérience esthétique uniquement.
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