I Care a Lot, film qui partait bien, avec cette idée assez originale d’une con girl, interprétée par Rosamund Pike, qui dirige de manière monstrueuse des EHPAD, où elle enferme des retraités pour profiter d’eux. En cela, le début, où elle arnaque la toujours brillante Dianne Wiest, allant la chercher jusque dans sa maison pour la priver de sa liberté et la séquestrer dans son établissement, était excellente : parce qu’au-delà du narratif, elle touchait à un thème et une forme de réalité. Puis quand on découvre que le fils de Wiest est en fait un célèbre mafieux, joué par Peter Dinklage, l’on commençait déjà à hésiter : l’on se demandait pourquoi le film voulait autant injecter de la narration et de l’étrangeté (que Dinklage soit un nain étant clairement un élément pour intensifier la soi-disant singularité du tout). Le film, en vérité, n’en avait pas besoin. L’histoire paraissait se séparer en deux, se distancer de son réel cœur… mais l’on était encore prêt à suivre. Jusqu’à ce que cela parte complètement en couilles. On ne voit plus l’EHPAD. L’on ne voit plus les retraités. L’on ne voit plus Wiest. Cela devient une forme de récit féministe d’émancipation sur Pike et sur sa relation lesbienne : c’est alors totalement délirant. Non seulement c’est moralement curieux de vouloir transformer cette intrigue en récit badass au vu de la dégueulasserie évidente de Pike (on sent qu’elle est ici suite à son rôle dans Gone Girl et que le réalisateur a été inspiré par la laideur surnarrative du film de Fincher pour la copier/coller dans son film), mais c’est hors-sujet. On a comme souvent donc un metteur en scène qui, parce que vide, artificiel et étant incapable de creuser un sujet, se met à utiliser les deux techniques des nuls pour développer une histoire sans l’approfondir : à savoir 1) tourner en rond en rajoutant des couches circulaires d’intrigues au lieu de s’enfoncer quelque part et 2) dissimuler la nullité du tout par de l’idéologie factice (ici, la relation lesbienne et censément émancipée de Pike). Bref, c’est un exemple à étudier pour comment, à partir d’une vraie bonne idée, faire tout ce qu’il ne faut pas faire. Le pire étant qu’à la fin, le réalisateur n’assume pas avoir fait de Pike une héroïne et crée une forme de karma circulaire, dans un surtwist de mauvaise série, avec Pike finalement assassinée par un personnage secondaire aperçu au début du film. Si au moins, l’auteur avait assumé être aussi laid dans sa forme filmique que l’héroïne, mais non : il s’en distance, ce qui rend le fait qu’il a abandonné l’EHPAD et les retraités d’autant plus absurde et indigne. Au bout du compte, de quoi parlait le film ? Rien. Il n’est qu’un délire, sorti dès le premier acte de son orbite, pour devenir un défilé pornographique de concepts copiés/collés pour faire style : vous avez vu, Rosamund Pike, elle est badass. Pathétique. 0,5/5.

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