Challengers, triangle amoureux dans le monde du tennis, boosté par la mise en scène de Luca Guadagnino et la bande son de Trent Reznor et d’Atticus Ross, mais qui au bout du compte paraît faire beaucoup d’efforts, mettre en branle beaucoup d’idées narratives, pour peu de choses. Car derrière ce scénario découpé de manière outrageusement complexe, avec des va-et-vient continuels entre passé et présent, que dit-on réellement ? Quasiment rien, et les personnages, que ce soit les deux hommes ou Zendaya, sont tous aussi vides les uns que les autres. Ce n’est pourtant, en soi, pas forcément une limite à la qualité du film : parce que le contexte du tennis, parce que l’idée banale mais efficace de l’outsider prêt à prendre sa revanche, parce qu’aussi l’ambiguïté homosexuelle permanente entre les deux adversaires, rend le tout stimulant. Mais on a parfois l’impression que Guadagnino, motivé par sa nouvelle réputation depuis le succès de Call Me By Your Name, refuse la simplicité un peu légère de son sujet et tente, par tous les moyens, de hausser son film à des niveaux qu’il ne possède tout simplement pas.
Or au final, le constat est là : le film n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se pose. En cela, la meilleure scène de Challengers est celle où les deux tennismen, adolescents, rencontrent Zendaya. Ils la voient jouer, puis ils la suivent à une fête, tandis que chacun tente de la ramener de son côté, comme si elle était, littéralement, une balle entre eux. Puis ils l’invitent dans leur chambre, l’embrassent et s’embrassent : ici, tout sonne exactement comme Call Me By Your Name. L’amour naissant, la timidité, la demande presque murmurée pour obtenir le numéro de téléphone : c’est naturaliste, simple et ça marche. Mais passé cet élégant flashback, le film tente continuellement, trop inspiré par la mauvaise new romance, de déployer une narration certes amusante, mais parfois franchement lourdingue. Et alors que l’on avait espéré que le film cesse ses aller-retour pour au milieu du film se concentrer sur le présent, pour qu’enfin il s’enfonce dans son sujet, eh bien non : jusqu’au bout, il se déplace. Au point presque, dans cet entêtement assez agaçant, de finir par emporter la partie, avec ce génial échange final, où Reznor et Ross se révèlent quasiment comme les stars du film. Bref, on aurait eu envie que le film se donne moins de mal. Ou alors, à défaut, qu’il sache être plus profond. En l’état, il paraît que la forme finisse par écraser le fond. 2/5.
Comments are closed