Memory, nouveau film de Michel Franco, dont le Sundown avec Tim Roth m’avait intrigué, et ici c’est un autre acteur méconnu qu’il met à l’honneur, Peter Sarsgaard. Il s’agit encore ici d’exilés à eux-mêmes, d’individus perdus, dont la liberté, dont les pérégrinations d’âmes isolées, immédiatement saisissent. Ici, le postulat est curieux : c’est celui d’une femme traumatisée par les hommes, violée par son père quand elle était jeune, qui croit reconnaître en un homme amnésique un autre violeur, avant de réaliser qu’elle se trompe… et de tomber amoureuse de lui. Après, si la superposition de leurs deux troubles (une femme qui n’arrive pas à oublier, un homme qui n’arrive pas à se souvenir) est intéressante, elle est parfois trop conceptuelle, un poil trop contre-productive, pour libérer le film de sa narration et faire de lui une pure vague d’émotion (en cela, on trouvait la simplicité fascinante de Sundown plus forte, son unilatéralité totale face à l’horizon plus tranchante). Mais Chastain et surtout Sarsgaard sont bons, et Franco, dont le style dénudé paraît être autant un avantage qu’un défaut (le film est trop sensible, trop doux, pour que l’on s’en souvienne profondément), réussit quand même son pari : de plus, certaines scènes curieuses, très libres, captivent et font de Franco un réalisateur vraiment intriguant. Par exemple, cette première séquence d’amour entre Chastain et Sarsgaard, initialement tendre, où Sarsgaard apprend Chastain à lâcher prise et à faire confiance à un homme… avant, soudainement, primairement, de la pénétrer de manière plutôt banale et sauvage. En fait, c’est simple : plus Franco cultive l’ambiguïté et l’inexpliqué, et plus il est bon. 1,75/5.

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