The Iron Claw, étrange film à mi-chemin entre un récit réaliste americana à Oscars, avec des acteurs qui en ont gros sur la patate, et de l’autre une histoire authentiquement factice, sur des corps métamorphosés et une succession de morts quasi-mythologiques, la malédiction de cette famille pouvant rappeler par exemple The Killing of a Sacred Deer. Or c’est pourtant bien ce que l’histoire vraie, dont s’inspire le film, véhicule en soi : un terrain à mi-chemin entre le divertissement profane du catch, et celui du dilemme biblique d’Abraham et Isaak. Et Sean Durkin, dont on avait bien aimé les précédents films (Martha Marcy May Marlene et The Nest), non seulement ne paraît jamais vraiment choisir entre les deux, mais rajoute en plus une surcouche de film-rédemption (il est impossible de ne pas penser, en regardant The Iron Claw, à ce qu’opérait Aronofksy avec Mickey Rourke sur The Wrestler). Aussi, certes, l’on adorera Zac Efron, fascinant de par à la fois la fausseté de son corps (énorme, dur, presque plastique) et la vérité de sa performance (puisque son corps, malgré sa fausseté, est réellement le sien, fruit de longues douleurs et blessures d’un cinéma vis-à-vis duquel le catch sert ici clairement d’allégorie). On aimera son corps, mais aussi ses yeux d’enfant préservé, et son élégance également, sa faculté, en quelques pas de danse, à immédiatement rappeler sa classe et sa finesse. Mais au-delà de ça, l’on aura très souvent du mal à comprendre le film. À saisir sa place, sa vision, son style même : un peu comme face à un match de catch, qui prétend un combat, qui prétend des douleurs, l’on ne parviendra pas toujours à réellement saisir les émotions de cette famille, trop grosse pour être vraie, trop abusive pour être réelle. Tous les acteurs pourtant sont bons, de Holt McCallany, l’ancien partenaire de Mindhunter recyclé ici en père tortionnaire, aux deux frères Jeremy Allen White et Harris Dickinson (eux aussi des transfuges de séries – The Bear et Murder at the end of the world – car peut-on aujourd’hui faire sa carrière autrement ?), en passant par Maura Tierney (passée bien sûr par Urgences et The Affair). Mais l’on n’y peut rien : même quand le film se veut à fleur de peau, au plus près de l’horreur qu’il raconte : l’on a l’impression d’assister à une performance, une prestation. À une parodie, quelque chose de faux, de surfait, et par conséquent l’on n’y croit jamais tout à fait. L’histoire était trop vraie pour être vraie – et Sean Durkin, au lieu de la rapprocher du réel, de la crédibilité, pour nous faire réellement embrasser son horreur, la maintient à un niveau artificiel, à l’image du corps d’Efron. Comme si nous ne sortions jamais du ring. C’est dommage, parce que cela, sans doute, ne tenait pas à grand-chose. Mais en l’état, quelque chose échoue à réellement naître. 1,5/5.
Comments are closed