La piel que habito, que l’on m’avait conseillé et qui s’est avéré en effet assez proche de mes thèmes. À savoir ceux de la transformation, et plus encore que de la transformation, de la métamorphose pour devenir la femme aimée et perdue. Ainsi, Antonio Banderas campe un chirurgien esthétique qui décide de kidnapper le violeur de sa fille et de la transformer en sa femme disparue. L’idée, bien sûr, est passionnante. Mais la narration, ponctuée de va-et-vient entre présent et passé, et surtout le nombre inutilement grand de personnages, font que le film se perd parfois en chemin. Pourquoi, par exemple, avoir créé le personnage de la fille morte d’Antonio Banderas : ne pouvait-il pas tout simplement punir quelqu’un qui avait fait du mal à sa femme, et le transformer en elle ? Ici, on est dans une répétition de l’injustice (Banderas perd sa femme, puis sa fille), ce qui provoque une narration en série, constituée de retournements un peu burlesques, quasi pornographiques dans le sens où ils ne servent qu’à créer du divertissement, du retournement de situation, mais qui n’aident jamais à approfondir le récit dans sa nature ou dans son allégorie. C’est la même chose pour le personnage du fils de la servante, en fait l’amant de la femme morte d’Antonio Banderas, qui revient évadé de prison déguisé en léopard (!) : cela crée uniquement de la confusion (comme si c’était une façon de faire croire que le récit était plus profond qu’il ne l’était vraiment) et de détourner l’attention du cœur du film, que ce dernier n’arrive pas à développer. Bref, La piel que habito paraît en quelque sorte intimidé par l’ampleur de son sujet, et au lieu de s’y frotter, tourne tout autour comme un enfant en rajoutant du narratif sans finalité. Le fils de la servante n’avait rien à faire là ; le violeur de la fille non plus. Il fallait un héros, une femme perdue et un tueur. Et s’enfoncer dans la nuit de ce triangle là. Au lieu de cela, malgré quelques belles idées, quelques jolies scènes, c’est répétitif, parfois propre à un cirque. De plus, ce choix de doper narrativement le récit est hypocrite, car c’est une façon pour Almodovar de rendre le personnage d’Antonio Banderas plus moralement acceptable (il a perdu sa fille ET sa femme, donc quand même il a des excuses). Bref : pas mal de gamineries dans ce récit et peu de vérité. Il y avait l’idée, l’apparence, mais au volant, il n’y avait sans doute pas la bonne personne… 1,25/5.

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