Barbie, drôle de film, franchement pas très beau visuellement, et même assez con dans le fond, avec ce désir d’incarner à peu près tous les concepts du féminisme 2.0, au point parfois de devenir confus et quasi contre-productif dans son désir de raconter une histoire d’émancipation. La fin, particulièrement, avec la créatrice de Barbie (dans un flash métaphorique très étrange) ou le retour dans le monde réel, avec Barbie décidant d’aller chez le gynécologue pour se faire concevoir un vrai vagin (est-ce là une référence, aussi, à la transidentité ? On ne sait pas bien), achève de conclure ce film dans un grand fourre-tout essoufflé qui, par défaut visiblement de savoir quoi dire, tente de raconter le plus possible. Clairement, on sent que Greta Gerwig veut à la fois suivre le cahier des charges, et en même temps, en tant que véritable artiste, développer toutes les possibilités créatrices que lui offre son récit, au point d’aboutir à des séquences intéressantes, libres même, mais à l’utilité ou au sens questionnables. Bref, le tout, autant dans le fond que dans la forme, est souvent un grand bordel. Mais toujours on s’amuse, toujours on rit, et jamais l’on ne s’ennuie. Le couple, surtout, formé par Margot Robbie et Ryan Gosling marche très bien, et permet d’apporter de l’humanité et de l’incarnation à ce récit un peu factice et figé dans son esthétique. De plus, on ne pourra pas s’empêcher de trouver savoureux le moment où, arrivé dans le monde réel, Ken découvre le patriarcat et, en tant qu’homme depuis toujours victimisé dans le monde de Barbie, commence, tel un petit garçon enfin libéré des jupes de sa mère, à prévoir enfin sa vengeance. Au bout du compte, le film fourmille de bonnes idées, peu importe qu’elles soient parfois contradictoires (voir notamment aussi le rôle de Mattel dans le film, qui ici en se conférant le rôle du grand méchant, confirme paradoxalement sa domination sur la structure), et s’avère porté par un tel souffle, par une telle envie, par deux acteurs si enthousiastes et complémentaires, qu’on passe un fort bon moment. 1,75/5.
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