BlackBerry, l’histoire vraie de BlackBerry, porté par un drôle de casting, entre Glenn Howerton, à mille lieux de It’s Always Sunny mais qui ici nous rappelle qu’il a, derrière ses mimiques grotesques, une vraie intensité furieuse parfaitement propre à la frustration du drame, et le désormais trop rare Jay Baruchel, qui vieillit bien, en cela qu’il gagne une profondeur sans avoir perdu son innocence de jeunesse. Et ici, l’on retrouve en fait un peu le style Adam McKay (vraiment inventé avec The Big Short), avec cette idée du biopic sérieux et pourtant toujours considéré avec une forme de distance, une ironie, qui néanmoins ne confère pas à la pose car les personnages demeurent réels, émouvants, à notre hauteur. Et ainsi, l’on finit par reconnaître aussi la belle idée que développait Mia Hansen Love dans Eden : à savoir celle du biopic en creux, du récit du loser, pour évoquer dans l’ombre l’absence du vainqueur. Hansen Love, en se concentrant sur la vie de son frère DJ, laissait à deviner dans l’arrière-champ les Daft Punk, alors inconnus, peu présents aux fêtes et travaillant en silence. Ici, derrière le récit des fondateurs de BlackBerry, c’est aussi celui de Steve Jobs et d’Apple qui se fait, puisque jusqu’au bout, les créateurs de BlackBerry refusent d’y croire, trop prétentieux pour s’adapter, s’en allant à l’encontre d’une descente brutale et définitive. En somme, le récit d’une époque, vue par ceux qui ne l’ont pas faite. 2/5.
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